La chancelière allemande n’a jamais eu l’Europe chevillée au corps. Il a fallu attendre la crise du Covid-19 et la présidence allemande de l’Union pour qu’elle fasse prévaloir l’intérêt général européen sur celui de son pays. Récit d’une longue conversion, alors que son dernier mandat s’achève.
Illustrations : Simon Bailly
Fille de pasteur née après guerre, élevée en ex-RDA, séparée par un rideau de fer des efforts déployés depuis 1945 par les Européens de l’Ouest pour en finir avec le nationalisme délétère, Angela Merkel n’a pas la passion de l’Europe chevillée au corps comme l’avait son mentor politique, Helmut Kohl, chancelier entre 1982 et 1998. Elle l’a simplement reçue en héritage et l’a traitée comme tel, sans acrimonie, mais sans aucune passion, naviguant entre euroréalisme et euroréticence. Son histoire est allemande et son regard est tourné vers l’Est. Symboliquement, même s’il s’agit d’un hasard du calendrier, elle est la première chancelière depuis la création de la République fédérale allemande (RFA), en 1949, à prendre ses fonctions, à l’automne 2005, dans la nouvelle capitale de l’Allemagne4555