
La rentrée 2025 s’ouvre sur un climat de tension. Pouvoir d’achat comprimé, services publics fragilisés, inégalités territoriales qui persistent, défiance politique grandissante : le sentiment de déclassement s’étend. Dans ce contexte, une évidence apparaît : l’économie sociale et solidaire (ESS) n’est pas accessoire. Elle peut être une boussole, capable de retisser du lien social, de soutenir le quotidien des ménages et d’apporter des réponses concrètes aux défis de notre temps.
Longtemps perçue comme périphérique, l’ESS est désormais au cœur de notre paysage économique. Plus de 2,6 millions de femmes et d’hommes y travaillent, dans des coopératives, des mutuelles, des associations, qui irriguent chaque territoire. Leur principe fondateur est clair : réinvestir les excédents dans le bien commun, privilégier le temps long plutôt que la logique du profit immédiat, bâtir la confiance plutôt que la spéculation. Dans un moment où la précarité progresse, cette stabilité est un socle précieux.
Au quotidien, l’ESS soutient déjà le pouvoir d’achat et le tissu local. La carte UpCohésia, qui a été déployée avec le Groupe VYV et Biocoop, permet à des salariés modestes d’accéder à une alimentation de qualité dans plus de 4 500 commerces responsables. Le titre-restaurant, lorsqu’il retrouve sa vocation initiale, contribue à la fois au budget des salariés et à la vitalité des commerces de proximité. Dans bien d’autres secteurs encore, l’ESS maintient des services essentiels que ni l’État ni le marché ne parviennent à assurer seuls.
Mais l’ESS ne se limite pas à un rôle protecteur. Elle est aussi une économie inventive. Dans l’industrie, l’agroalimentaire, l’hôtellerie, de nombreux dirigeants prouvent que la coopération n’entrave pas la performance, elle la stimule. La finance solidaire, qui a dépassé les 30 milliards d’euros en France, témoigne de l’appétit croissant des citoyens pour investir dans des projets utiles et durables. C’est peut-être cela, la véritable modernité : démontrer qu’il est possible de conjuguer compétitivité et solidarité, efficacité et démocratie économique.
Cette dynamique mérite d’être confortée. Or, certains arbitrages budgétaires récents fragilisent les moyens de l’ESS, alors même qu’elle devrait être consolidée. La Cour des comptes elle-même souligne le manque d’une vision d’ensemble du financement public du secteur. Dans une société traversée par les fractures sociales, réduire l’ESS reviendrait à se priver d’un levier de cohésion et de stabilité.
Il s’agit donc moins d’opposer quiconque que d’assumer un choix de société. L’ESS n’a pas vocation à remplacer l’économie classique, mais à lui apporter un équilibre et une orientation nouvelle. La considérer comme une variable d’ajustement serait une erreur. La reconnaître comme un pilier de notre modèle économique et social, c’est investir dans la confiance, dans la solidarité et dans l’avenir.
L’ESS ne promet pas un monde parfait, mais elle apporte des réponses tangibles aux urgences d’aujourd’hui : protéger, innover, relier. C’est en elle que réside une part de notre avenir commun.