Vieille tradition nationale, à l’origine d’obédience gaulliste et communiste, l’hostilité à l’Europe a, avec le temps, gagné nombre de partis et même donné naissance à plusieurs courants souverainistes. Elle s’incarne aujourd’hui, comme dans le reste du continent, dans le populisme anti-bruxellois.
Illustration : Van Sayan
« L’Europe ne peut servir à camoufler l’effacement d’une France qui n’aurait plus sur le plan mondial ni autorité, ni idées, ni message, ni visage. […] Nous disons non à une France vassale dans un empire de marchands. » En décembre 1978, un futur président de la République française s’attaque avec une rare virulence à la construction européenne. Avec son « appel de Cochin », qui lance la campagne de son tout jeune parti, le RPR, aux premières élections européennes au suffrage universel direct, fixées au 10 juin 1979 pour la France, Jacques Chirac cible d’abord son rival Valéry Giscard d’Estaing. Le gaulliste aux dents longues entend contester au président de la République, libéral et proeuropéen, le leadership sur la droite française. Quitte à caricaturer le thème gaullien de la4555