En dépit de l’aggravation continue, depuis un demi-siècle, de la situation de nos finances publiques, les questions budgétaires, en France, n’avaient jamais constitué un facteur de déstabilisation de notre système démocratique. Cette époque est révolue : le vote des lois de finance, depuis la dissolution, tourne systématiquement à l’impasse politique. Et pose désormais la question de la solidité du régime.

Illustration : Van Saiyan
Le dossier des finances publiques serait-il en passe de devenir le triangle des Bermudes de notre démocratie ? Force est de le constater : totalement absent, ou presque, il y a encore vingt ans, de nos débats et de nos campagnes électorales, il vient d’engloutir, en l’espace de neuf mois, pas moins de deux premiers ministres, Michel Barnier et François Bayrou, disparus corps et biens après leur collision avec la question du budget. Un troisième pourrait suivre et couler par le fond, si d’aventure Sébastien Lecornu, lui aussi, faisait naufrage sur l’écueil du projet de loi de finances 2025 - ce qui est loin d’être exclu. La tempête pourrait même monter jusqu’à l’Élysée et, espèrent ses opposants les plus résolus, emporter un Président plus fragilisé que4555