Le Covid-19 aggrave les fractures de notre monde, souligne le directeur de l’Institut français des relations internationales. Alors que la Chine et les États-Unis s’affrontent ouvertement, les plateformes numériques acquièrent un nouveau pouvoir en se substituant peu à peu aux États. les Vingt-Sept, eux, accumulent les crises.
Marina Mathonnat
En 2019, vous avez signé un ouvrage remarqué, intitulé L'affolement du monde (1). Face au Covid-19, le monde s'est-il affolé ? Oui, très clairement. Il s'est affolé, puis il s'est confiné. Le nouveau coronavirus a provoqué un court-circuit dans notre monde interdépendant, c’est-à-dire une sorte de suspension, tout à fait inattendue dans son ampleur et dans sa durée, de l'activité économique. Les effets de cet arrêt brutal ont suscité une panique qui se ressent différemment selon les régimes politiques et les régions du monde, selon les catégories sociales et les organisations. Nous sommes face à une crise qui est techno-sanitaire, dans la mesure où elle est sanitaire dans ses causes et technologique dans ses effets. Ce qui la singularise, à mes yeux, ce sont deux décalages :4555