Dix ans qu’elle a succédé à Jean-Marie Le Pen. Si elle a franchi plusieurs plafonds de verre, le cheffe du RN (ex-FN) n’arrive pas à se démarquer de son étiquette protestataire, selon le chercheur Sylvain Crépon*.
Marine Le Pen, le 17 avril 2017. AFP
Dix ans après son élection à la tête du Front national, rebaptisé, dans l’intervalle, Rassemblement national, quel bilan faites-vous de l’action de Marine Le Pen ? Sylvain Crépon C’est un bilan mitigé. On aurait pu croire, après son élection, lors du congrès de Tours, en 2011, qu'elle allait faire de son parti une grande machine électorale capable de tisser des alliances, ce que n'avait pas su faire Jean-Marie Le Pen. Elle avait alors la prétention de déployer une véritable implantation locale, ce que son père n'avait jamais pris la peine de constituer, pour différentes raisons, notamment parce qu'il craignait l’émergence de baronnies locales susceptibles de contester son omnipotence. Il appliquait la logique populiste, qui vise à établir un lien direct entre le chef et la base, en4555