A la veille d’élections décisives, en Turquie, le président sortant n’a jamais été en si grande difficulté, menacé de perdre le pouvoir par une coalition d’envergure. Ces élections présidentielle et législative pourraient bien reconfigurer le rôle du pays sur la scène internationale, décrypte Ariane Bonzon, journaliste et auteure de Turquie, l’heure de vérité (1).
C’est la première fois qu’une élection opposant Recep Tayyip Erdoğan à un adversaire est aussi serrée. Après presque vingt ans au pouvoir, le président sortant peut-il perdre ? Ariane Bonzon Si la campagne et les élections étaient complètement équitables, alors Erdoğan perdrait les élections à coup sûr. Là, il y a un certain nombre d’inconnus, en particulier dus au séisme : trois millions et demi de Turcs ont perdu leur domicile. Comment vont-ils voter ? Dans leur nouvelle résidence ? Ou vont-ils retourner dans l’ancienne ? Même si des dispositions ont été prises, il y aura des ratés. Erdoğan mobilise les ressources de l’État pour son profit, en augmentant le salaire minimum, en donnant la possibilité à deux millions de personnes de partir à la retraite en avance, en augmentant4555