Décarboner les transports de personnes et de marchandises est un impératif si la France veut atteindre les objectifs de neutralité carbone en 2050. Un hors-série de L’Hémicycle et un colloque ont été consacrés à ce défi majeur si la France veut atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050.
La décarbonation du transport routier reste un angle mort, voire un impensé, des politiques publiques. Cet été, dans une tribune remarquée dans Le Monde, le politiste François Gemenne, rédacteur principal du dernier rapport du GIEC, avait souligné que cet enjeu, pourtant majeur compte tenu de l’importance des émissions de gaz à effet de serre associées à la route (près de 30% des émissions nationales), restait ignoré des pouvoirs publics. Il avait, avec de nombreux autres experts, appelé à une mobilisation de tous les acteurs pour que ce défi devienne une « grande cause nationale ». Dès lors, où et comment agir ? Un colloque a été organisé sur ce thème à l’école nationale supérieure de la chimie à Paris, le 16 octobre, avec la participation de la ministre de la Transition énergétique, Agnès Pannier-Runacher et de nombreux experts de premier plan.
À écouter les spécialistes, la route restera en effet prépondérante dans les prochaines décennies, car le report modal vers le train ne suffira pas. Tous les usages de la route doivent donc être repensés. Or, les solutions existent et sont prêtes à être activées : électrification des véhicules légers, déploiement massif de bornes de recharge sur les réseaux, développement du covoiturage et du transport collectif sur route et sur autoroute, adaptation des infrastructures et des services à la multimodalité, préfiguration de l’autoroute électrique pour les camions… Alors que l’Union européenne a fixé l’objectif de voir s’arrêter, en 2035, les ventes de voitures neuves thermiques et hybrides, tout le secteur doit s’adapter à la nouvelle donne. Un passage au tout électrique suppose, notamment, que la production de composants et de batteries suive la demande. Or, dans l’Hexagone, les infrastructures ne sont pas encore prêtes à accueillir autant d’automobiles qui auront besoin de recharger leurs batteries. Le temps presse, si la France veut atteindre l’objectif de neutralité carbone en 2050.