L’intelligence artificielle renforce les nombreuses incertitudes à l’égard du monde qui vient. La lutte pour sa maîtrise, civile et militaire, n’en est qu’à ses prémices ; elle suscite déjà d’âpres rivalités entre les États-Unis et la Chine, tandis qu’elle contribue à renouveler les moyens de la conflictualité.
illustrations : Petra Petterffy
L’intelligence artificielle est longtemps demeurée un « objet non identifié » dans la vie géopolitique. Le fort coût d’entrée dans ce champ scientifique rend l’appréhension de la matière IA délicate, notamment eu égard à la diversité des méthodes techniques utilisées et des disciplines convoquées (mathématiques, informatique, sciences cognitives, biotechnologies, cybernétique, robotique, etc.). Aussi, et davantage que l’Internet, l’IA évolue avec plus de célérité que le temps diplomatique. Son développement se fait, pour l’heure, en l’absence de reconnaissance d’une personnalité juridique internationale et sans gouvernance reconnue. Elle est, enfin, très largement dépendante de logiques entrepreneuriales et de capitaux privés – échappant donc souvent, au moins en Occident, au contrôle des États. Se pencher sur l’« irruption » de l’IA en politique internationale, c’est d’abord reconnaître que la forte activité éditoriale4555