L’ancien Premier ministre, premier invité de la journaliste politique Valérie Trierweiler dans cette interview mensuelle, s’y livre sans fard.
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L’univers de L’Hémicycle s’agrandit avec une nouvelle émission, « Hexagone ». Un entretien de 25 minutes avec celles et ceux qui font notre pays. « L’idée de l’émission est d’interroger ceux qui ont fait la France, ou une partie de l’histoire de France, d’où le nom, explique Valérie Trierweiler, qui conduira ces interviews mensuelles. Ce que l’on recherche, ce sont des femmes et des hommes de premier plan, des politiques, des chefs d’entreprise, des sportifs, des acteurs de la culture, toutes celles et ceux qui ont dessiné les contours de la France d’hier et d’aujourd’hui. »
Pour sa première édition, « Hexagone » reçoit donc Alain Juppé, ancien Premier ministre, ex-ministre des Affaires étrangères, maire de Bordeaux. Après son ouvrage, Une histoire française, paru en septembre 2023 aux éditions Tallandier, véritable rétrospective sur sa vie politique et personnelle, il se livre sur son histoire et sa vision de l’avenir notre nation.
Aujourd’hui membre du Conseil constitutionnel, et à ce titre tenu à un devoir de réserve, le premier invité d’« Hexagone » a cependant joué sans fard le jeu de l’interview. Il y revient sur l’épisode de « l’identité heureuse », qui lui avait valu de nombreuses critiques avant la campagne présidentielle de 2017, explore les nombreux défis qui sont posés à la France et à l’Europe, au premier rang desquels la montée des extrêmes, et évoque enfin les tensions géopolitiques mondiales, face auxquelles il préconise de toujours « défendre nos valeurs, même si les autres ne les partagent pas ». L’ex-patron du Quai d’Orsay s’interroge également sur les suites du conflit au Proche-Orient : « Qu’est ce qui se passe après l’éventuelle éradication du Hamas ? » Et de le déplorer : « Ni d’un côté, ni de l’autre, on ne veut de la solution à deux États… »
« Une forme de regret », mais « pas d’amertume »
Sur le plan national, il aborde l’héritage du gaullisme, qui à ses yeux « reste actuel », et celui du chiraquisme. Et sur notre situation politique, il livre un constat lucide : « Notre démocratie est en crise, des symptômes ne trompent pas ». Et une solution : « Les Français souhaitent continuer à participer à l’élaboration des décisions qui les concernent ». Évoquant l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale, il préconise « des façons de gouverner un peu différentes ». Quant à son échec à la présidentielle de 2017, il le concède : « J’ai une forme de regret de ne pas avoir réussi, mais je n’éprouve aucune espèce d’amertume. Et je ne cherche à régler de comptes avec personne ».
Quoique retiré de la gestion quotidienne des affaires publiques, Alain Juppé conserve donc un œil aiguisé sur le monde, et sur la place que la France doit y occuper. « Il explique qu’il a toujours le virus de la politique, contrairement à ce qu’il avait pu affirmer par le passé,commente Valérie Trierweiler. Dès qu’il parle de politique, il s’anime à nouveau : la machine repart. Il exprime même ses critiques sur la politique étrangère d’Emmanuel Macron, notamment sur l’Afrique. » Une interview sans langue de bois, donc, qui en annonce beaucoup d’autres.