Catégorie politique rebelle, la jeunesse est traditionnellement synonyme de remise en cause de l’ordre établi. Mais les récentes et fulgurantes ascensions le démontrent : dans notre société du spectacle, elle peut ne constituer, derrière la façade, qu’une valeur d’appel. Et se révéler plus vieille encore que la génération qui l’a appelée au pouvoir.
Illustration : Cécile Alva
La jeunesse incarne ordinairement la contestation et la radicalité. La Commune, Gavroche, Mai 68 lui ont offert ce visage. « Le jeune » remet en question l’ordre établi qu’incarne la génération précédente – celle qui détient le pouvoir. Autrement dit, la jeunesse est une catégorie politique en tant que telle. L’âge renvoie à la critique, voire au désir d’en découdre. Le dernier avatar ou la dernière figuration de cette catégorie s’appelle Greta Thunberg, qui invective les élus de tous les pays : « How dare you ? » (« Comment osez-vous ? »). Sa rhétorique met en exergue l’irresponsabilité de la génération qui a précédé la sienne et légué comme seul héritage un monde en sursis. La dette repose sur les épaules de ceux qui ne l’ont pas contractée : le divorce entre les générations4555