Toutes deux constitutionnalistes, spécialistes des institutions de la Ve République et professeures de droit public à l’université Panthéon-Sorbonne, Marie-Anne Cohendet et Anne Levade n’en ont pas moins de profondes divergences sur l’interprétation de la crise politique que nous traversons.
Illustration : Marina Mathonnat
Au vu du blocage actuel, peut-on signer l’acte de décès de la Ve République ? Marie-Anne Cohendet Non, elle n’est pas morte ! Je serais tentée de vous faire la réponse de Shakespeare : « Bien qu’elle fût en sommeil, la loi n’était pas morte… » Mais effectivement, elle risque de vivre un peu sous perfusion, car elle est profondément ébranlée par la crise actuelle. Anne Levade Je suis entièrement d’accord. J’ajoute que nous sommes face une situation qui n’est pas une crise institutionnelle, mais politique, une crise de la pratique. Se poser la question de la mort de la Constitution dans un tel contexte est un réflexe très français. Nous avons un tropisme historique : la solution, à chaque crise, est de changer de régime, ce qui fait de4555