Docteur en médecine et en épidémiologie, Jean-David Zeitoun est l’auteur du Suicide de l’Espèce (Éditions Denoël, 2023). Son nouveau livre, Les Causes de la Violence, est sorti le 2 octobre (Denoël). Quel est son point de vue sur les approches de la prévention ?
Illustration : D.A
Quels indicateurs doivent nous alerter ?
Jean-David Zeitoun Les risques les plus problématiques sont l’alimentation et la pollution. L’obésité, c’est cinq millions de morts par an. Un peu moins que le tabac. Quant à la pollution, ses impacts sont énormes : près de neuf millions de morts par an, dont probablement 40 000 à 90 000 en France.
Vous invitez à repenser la prévention en termes d’offre et de demande de risques. Que voulez-vous dire ?
Jean-David Zeitoun Les industries produisent des risques et proposent une offre – par exemple des aliments ultra-transformés – à des consommateurs qui constituent la demande. Les politiques de prévention se concentrent sur cette demande, suggérant aux citoyens de changer de comportement. Or, à chaque fois que nous avons atténué un risque, nous l’avons fait en agissant sur l’offre. C’est le cas pour le tabac, à travers la loi et l’économie (taxes) ou la mortalité routière (ceinture de sécurité, etc.). Faire baisser un risque passe par la loi et l’économie, qui s’en prennent à celui qui le produit.
Faut-il pour autant mettre de côté les campagnes de sensibilisation ?
Jean-David Zeitoun Seules, les campagnes sont une distraction ou, pire, ne font que se sentir coupables des gens qui n’ont parfois ni les connaissances, ni les moyens de vivre autrement. Les campagnes sur l’alimentation existent depuis des années. Pourtant, l’obésité progresse. Beaucoup continuent d’acheter des aliments ultra-transformés presque aussi mauvais que le tabac, lesquels demeurent autorisés et même moins chers.