Ancien secrétaire général de l’Élysée sous François Mitterrand et ex ministre des Affaires étrangères dans le gouvernement de Lionel Jospin (1997-2002), sous la présidence de Jacques Chirac, Hubert Védrine observe depuis plusieurs décennies les désordres du monde. Il juge aujourd’hui la période « dangereuse », la planète «semi-chaotique et instable» et estime que « les Européens sont restés trop longtemps des Bisounours dans le monde de Jurassic Park ». Entretien.
JOEL SAGET / AFP
Comment qualifiez-vous le contexte international ? Hubert Védrine Je ne parle jamais du contexte international sans d’abord rappeler le compte à rebours écologique, qui aura des répercussions géantes, et grandissantes, sur les rapports de force internationaux. C’est le vrai sujet. Deuxièmement, je souligne que les Occidentaux n’ont plus le monopole de la puissance. Nous devons par ailleurs bannir l’expression de « communauté internationale » : c’est une espérance, mais pas une réalité. Le multilatéralisme n’est pas une réalité puisqu’à la fin, les puissances imposent leurs vues. Le monde est une foire d’empoigne. Même avant l’élection de Donald Trump, nous n’étions pas dans un monde idéal, qui fonctionnait parfaitement. Les Européens sont restés trop longtemps des Bisounours dans le monde de Jurassic Park. Je le pense depuis longtemps, je ne suis donc pas étonné. Je crois que ça va changer. Pourquoi n’êtes-vous pas étonné de l’élection de Donald Trump ? H.V. D’abord parce qu’il y a des logiques de puissance. Citons la Chine, la Russie, l’Inde, Israël ou l’Iran, mais il4555