Illustration : CacheteJack
En politique, à première vue, un peu partout : au gouvernement, au Palais-Bourbon comme au Sénat, dans les mairies et les conseils régionaux, voire, épisodiquement, à Matignon. Mais, force est d’en convenir, pas du tout dans les mêmes proportions que les hommes. Et, surtout, pas au même niveau de responsabilités. En dépit d’une façade incontestablement ravalée, grâce aux lois sur la parité qui ont permis de bousculer les ancestrales – et mauvaises – habitudes masculines de monopolisation du pouvoir, l’arrière-cuisine laisse encore cruellement à désirer. Et l’égalité réelle demeure un combat de tous les instants. En attendant qu’une Présidente, un jour, s’installe à l’Élysée, ce qui constituerait un éclatant symbole, c’est sur le vrai bilan de la parité, expertisé sans concession, que s’est penché L’Hémicycle.
« Il faut aider les femmes à s’affirmer et à revendiquer des responsabilités », préconise Élisabeth Borne dans l’entretien au long cours qu’elle nous a accordé. La deuxième Première ministre de l’histoire de la Ve République livre ici son retour d’expérience sur ses vingt mois au pouvoir, ainsi que les leçons qu’elle en tire pour l’avenir. Lien entre Élysée et Matignon, gestion de l’exécutif, mode de scrutin pour les élections législatives, importance des collectivités locales… L’ex-cheffe du gouvernement dit tout. Et lâche, au passage, ce piquant euphémisme : « Le Président a cherché une clarification. Je ne suis pas sûre que la dissolution y ait conduit… »
Au regard de l’intense crise dans laquelle nous sommes, depuis, profondément englués, qui pourrait rapidement tourner à la crise de régime, les exégètes mettront sans doute des années à autopsier la décision présidentielle du 9 juin 2024. D’ici là, Anne Muxel, directrice du CEVIPOF de Sciences-Po, nous offre dans ces pages une vertigineuse plongée psychanalytico-politique au cœur de notre dépression nationale post-électorale, entre doutes, angoisses et colères. Quant à Charles Giol, il nous rappelle, en les narrant par le menu depuis la première, décidée en 1816 par Louis XVIII, que les dissolutions sont une vieille histoire française. Et, aussi, qu’elles finissent mal, en général.