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Avec Urbanités, Vincent Jeanbrun veut réconcilier écologie et pragmatisme

Entretien avec Vincent Jeanbrun, député (Droite républicaine) du Val-de-Marne, à l’occasion du lancement du think tank Urbanités. Une initiative qui entend replacer la science et le pragmatisme au cœur des questions environnementales, loin des postures idéologiques et des discours anxiogènes.

Marc Ferracci

Vous lancez ce printemps Urbanités, un think tank dédié à la santé environnementale et à la transformation des villes. Pourquoi ce choix aujourd’hui ?

Vincent Jeanbrun : Parce que l’urgence est là. Les territoires urbains sont en première ligne face au dérèglement climatique. Et pourtant, les décideurs publics sont trop souvent désarmés, livrés à des injonctions contradictoires, face à une avalanche de données techniques et à des débats trop souvent biaisés par l’idéologie. Il est temps de réarmer intellectuellement et scientifiquement l’action publique. Urbanités, que je lance avec Olivier Blond, en charge de la santé environnementale à la Région Île-de-France, a pour ambition d’offrir aux élus une boîte à outils fiable, lisible, activable. Pour qu’ils puissent agir avec discernement, sans renier nos valeurs, ni sacrifier notre compétitivité.

Concrètement, quelle sera la mission de ce think tank ?

V.J : Urbanités se veut un lieu de dialogue entre élus, scientifiques, praticiens de terrain. Nous publierons des notes, partagerons des retours d’expérience, et mettrons les décideurs publics en lien avec des experts reconnus. Que vous soyez maire, député, président de collectivité, ou élu local, si vous êtes confronté à une problématique de santé environnementale — pollution de l’air, bruit, exposition aux perturbateurs endocriniens, ou autre— vous devez pouvoir accéder à une ressource fiable, sourcée, sans dogmatisme. C’est, en quelque sorte, un “appel à un ami”, mais en version scientifique.

Vous insistez sur la nécessité de dépasser les “fake news” dans le débat écologique. À quoi pensez-vous ?

V.J : Le sujet est miné par les contrevérités et les peurs irrationnelles : le procès fait au nucléaire, les polémiques autour des “bassines” agricoles ou la polémique sur la pollution de l’eau au chlorure de vinyle monomère. Cette stratégie de la peur paralyse l’action publique, sape la confiance, et décourage l’innovation. Il faut sortir d’un récit anxiogène pour bâtir une écologie de la vérité, qui pose des diagnostics solides et propose des solutions crédibles. L’écologie ne doit pas être la science de l’apocalypse, mais celle du progrès maîtrisé.

Ce discours peut surprendre venant d’un responsable politique classé à droite. Est-ce une manière pour vous de dépasser les clivages ?

V.J : Bien sûr. L’environnement ne peut pas être monopolisé par un seul camp. Jacques Chirac, Michel Barnier, Valérie Pécresse l’ont montré avant : la droite peut porter mais surtout, doit porter, une écologie moderne, lucide, responsable. Ce que je défends, avec d’autres, c’est une écologie de la preuve, fondée sur les faits, l’évaluation, la liberté et la confiance dans l’intelligence collective. Urbanités est un Think tank transpartisan. Ce qui nous réunit, ce n’est pas l’étiquette, c’est la volonté d’agir concrètement au service des élus locaux.

Vous êtes engagé sur la santé environnementale depuis longtemps. Pourquoi ce sujet en particulier ?

V.J : Maire de L’Haÿ-les-Roses, j’ai vu de près les ravages d’un environnement dégradé : pollution aux abords des axes routiers, stress sonore, anxiété parentale autour de la qualité de l’air dans les écoles. C’est cette réalité du terrain qui m’a poussé à agir. Au niveau national, j’ai souhaité approfondir cet engagement en co-présidant une mission parlementaire d’évaluation des politiques publiques en matière de santé environnementale. C’est un champ d’action où la pédagogie est capitale : les peurs doivent être entendues, mais aussi contextualisées. On ne peut pas gouverner sous l’empire de l’émotion.

Quand vous parlez d’écologie pragmatique, cela signifie-t-il qu’il faut alléger les normes ?

V.J : Il faut surtout les évaluer. Une norme mal calibrée peut devenir contre-productive. Elle crée de la défiance, de la complexité, et parfois même de l’injustice. À l’inverse, des dispositifs simples et efficaces existent mais ne sont pas appliqués. Mon ambition, c’est une écologie qui protège sans punir, qui améliore concrètement la vie quotidienne sans brider nos libertés ni nos entreprises. Une écologie qui assume la complexité du réel, loin des slogans faciles.

Quels seront les premiers chantiers d’Urbanités ?

V.J : Nous allons structurer des temps d’échange réguliers avec les élus, notamment autour de la qualité de l’air, de l’urbanisme, de la végétalisation, du bruit, des pollutions invisibles. Plusieurs propositions de loi sont déjà en cours de rédaction, portées par notre réseau de parlementaires. Et nous travaillons avec des scientifiques de haut niveau pour que nos propositions soient rigoureuses, opérationnelles et crédibles. L’objectif, c’est clair : faire de l’environnement un levier d’innovation, pas un frein. Une cause d’espérance, pas un motif d’angoisse.

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