Née à Moscou, éduquée en Russie et en France, codirectrice du Centre franco-biélorusse d’études européennes à Minsk entre 2012 et 2014, Anna Colin Lebedev est l’une des meilleures spécialistes des sociétés post-soviétiques. Son livre Jamais frères ? (Seuil, 2022) sur les peuples russe et ukrainien fait référence, et son plus récent ouvrage Ukraine, la force des faibles (Seuil/Libelle, 2025) enrichit le débat du moment sur les suites possibles du conflit.

Illustration : Marina Mathonnat
Diriez-vous que Vladimir Poutine, depuis qu’il est au pouvoir, cherche d’abord à reprendre le contrôle politique sur les territoires issus de l’ex-URSS, ou carrément à les récupérer par la force ? Anna Colin Lebedev C’est intéressant de voir que l’expression « étranger proche » ne date pas de l’arrivée au pouvoir de Poutine. En fait, dès la fin de l’URSS, la Russie a essayé de conserver avec les nouveaux États, devenus indépendants dans son voisinage, des relations de confiance, de proximité et de coopération. C’était le cas dans la fameuse CEI (Communauté des États indépendants), dont faisaient partie à l’époque l’Ukraine, les Républiques musulmanes d’Asie centrale ou même les États baltes. Si la Russie n’avait pas été plus loin, on en serait resté à une sphère d’influence classique4555