La chronique européenne de Jean Quatremer
Les banquiers centraux aiment à donner d’eux-mêmes l’image d’êtres purement analytiques vivant loin des passions humaines. C’est le prix de leur crédibilité, celle qui leur permet de murmurer à l’oreille des marchés financiers et d’assurer la stabilité monétaire. Ces pythies des temps modernes s’expriment à mots comptés et surtout cryptiques. Comme le disait Alain Greenspan, mythique patron de la Réserve fédérale américaine (1987-2006), « si vous avez compris ce que je viens de vous dire, c’est que je me suis probablement mal exprimé ». Pourtant, la réalité est tout autre comme le montre la véritable guerre de tranchées à laquelle se livrent les membres de la Banque centrale européenne (BCE). « Ici, c’est Verdun », confie-t-on à Francfort, « tout le monde s’engueule ou se fait la gueule ». C’est donc4555