À l’époque des négociations sur l’espace Schengen, au début des années 1980, les gouvernements assuraient que jamais l’Europe de la libre circulation ne se transformerait en « forteresse ». Mais la crise migratoire de 2015-2016, la progression continue des populistes opposés à toute immigration et le durcissement des politiques nationales ont abouti à un changement radical de paradigme de l’Union européenne, incarné dans le Pacte sur la migration et l’asile adopté en avril 2024.

Illustration : Emmanuel Polanco
L’Europe vieillissante rêve de se fermer au monde. Mais attention : pas aux marchandises, aux capitaux, aux services, aux touristes ou aux professionnels voyageant pour leur travail. Non, uniquement aux femmes et aux hommes désireux de rejoindre le Vieux Continent afin d’y trouver refuge, pour des raisons soit économiques, soit politiques. Au début des années 1980, lorsque furent lancées les négociations de Schengen, les gouvernements avaient alors juré leurs grands dieux que jamais l’Europe de la libre circulation ne se transformerait en « forteresse ». Quarante ans plus tard, par un renversement dont l’histoire a le secret, c’est devenu leur souhait le plus cher. Non pas par xénophobie, mais afin d’endiguer la vague populiste qui surfe sur la véritable « fatigue migratoire » des Européens. Certes, on peut faire valoir4555