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Bernard Cazeneuve lance La Convention

L’ancien Premier ministre dévoile dans un entretien exclusif à L’Hémicycle le nom du mouvement qu’il lance officiellement ce 8 mars.

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La Convention. C’est le nom choisi par Bernard Cazeneuve pour donner vie au nouveau « mouvement » qu’il lance ce 9 mars, au soir, à Lyon. Il a réservé l’exclusivité de cette annonce à L’Hémicycle, dans un entretien avec Éric Revel. « La Convention renvoie au débat, c’est un acte fondateur, cela renvoie à un lieu où chacun apporte ce qu’il estime pouvoir apporter pour contribuer à une œuvre collective », déclare l’ancien locataire de Matignon. Un nom qui fait explicitement référence à la Convention des institutions républicaines, créée par François Mitterrand, en 1964, laquelle préfigurait, avec d’autres, la formation du Parti socialiste six ans plus tard. 

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On le sait, l’ancien ministre des Affaires européennes, ministre de l’Intérieur puis Premier ministre sous le quinquennat de François Hollande, aujourd’hui avocat, ne se retrouve plus dans le PS actuel, un parti qu’il a quitté quand Olivier Faure, son premier secrétaire, a scellé l’alliance avec Jean-Luc Mélenchon dans le cadre de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) – lui estime, au contraire, que le leader de La France insoumise doit être combattu. « La gauche est totalement paralysée par cette alliance qui fabrique du vote Rassemblement national dans des quantités industrielles, affirme Bernard Cazeneuve. On a vu la façon dont la Nupes s’est comportée à l’égard du mouvement social [contre la réforme des retraites], alors que nous avons des forces syndicales qui sont dans la responsabilité. » Et d’ajouter : « Nous avons, à l’Assemblée nationale, un spectacle absolument lamentable, qui gêne, d’ailleurs, y compris ceux qui sont engagés dans cette alliance ».

Contre le risque RN

En septembre 2021, Bernard Cazeneuve avait publié, dans le JDD, un manifeste pour une « autre gauche » qui rompe avec « l’outrance et le sectarisme », qui avait été signé par plusieurs centaines de personnalités. Il a ensuite entamé un tour de France, comme à Libourne, le 24 février, qui l’a conduit à la rencontre de nombreux élus territoriaux, mais aussi de « vrais gens » sensibles à sa démarche. Il passe aujourd’hui à la troisième phase de son projet de créer une organisation qui fédère la gauche anti-Nupes : « Il y a une gauche qui, sur le plan politique, intellectuel et de la démarche, doit être reconstruite. Si nous ne reconstruisons pas les conditions d’une alternative crédible à gauche, nous savons quel est le risque : c’est celui du Rassemblement national ».

L’ancien ministre veut créer un espace « résolument républicain, qui essaie de créer les conditions de la synthèse entre la justice sociale et l’efficacité économique, qui essaie de créer les conditions d’une mutation écologique qui ne soit pas articulée à la décroissance, un espace qui soit résolument européen [et] ne confond pas le monde libre et les dictateurs » – allusion au soutien affiché de Mélenchon aux caudillos sud-américains, Fidel Castro, Hugo Chavez ou Nicolas Maduro, entre autres.

Ces deux gauches-là, selon Cazeneuve, restent décidément irréconciliables. Jean-Luc Mélenchon avait d’ailleurs comparé l’avocat, toujours tiré à quatre épingles, à un notaire, poli et bien habillé. « Pour une fois, il a dit des choses à peu près justes, a ironisé l’intéressé. Je suis avocat, un professionnel du droit et non du tordu, ce qui me différencie de lui. Le droit, qui est une discipline de la rigueur et de l’exigence intellectuelle, n’est pas compatible avec l’outrance, le bruit, le vacarme entretenus dans la plus grande démagogie et une faible préoccupation de ce qu’est le pays ». 

La préfiguration d’un parti social-démocrate

Bernard Cazeneuve ne veut pas parler de l’élection présidentielle de 2027 – « ce sont les journalistes qui en parlent », dit-il. Mais il prendra ses responsabilités si on le lui demande : « S’il y a quelqu’un qui incarne cet espace en 2027 – et il n’y aura pas d’incarnation s’il n’y a pas une force qui s’est préalablement constitué – eh bien je soutiendrai cette personne. Si on me demande de prendre mes responsabilités, je les prendrai. Mais je ne serai pas de ceux qui détruiront avec beaucoup d’énergie une hypothèse si ce n’est pas leur pomme qui est en situation d’incarner les choses. Je l’ai trop vu à gauche. »

Alors que certains députés PS pro-Nupes ont dénoncé une démarche à l’encontre de l’histoire, allant selon eux dans le sens d’une alliance entre les forces de gauche, l’ancien député de la Manche affirme que plusieurs milliers personnes s’intéressent déjà à son initiative. Des élus le suivent, parmi lesquels des présidents de départements, des maires de villes moyennes et grandes, un président de région et une vingtaine de parlementaires. La Convention, qui a lancé un site Internet, va désormais procéder à structurer son organisation territoriale, probable préfiguration d’un parti social-démocrate, qui n’existe plus guère dans le paysage politique. 

Bernard Cazeneuve interrogé par Eric Revel.

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