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Économie

Pourquoi le Crédit Agricole mise (toujours) sur les territoires

La banque coopérative cible depuis toujours le tissu économique local, notamment grâce à son positionnement de première banque des collectivités. Une stratégie centenaire qui lui réussit, avec plus de 8 milliards d’euros de bénéfices en 2023. Pour Véronique Faujour, sa secrétaire générale, l’institution est bien armée pour accompagner les transitions en cours.

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Il faut croire que la fidélité paie ! Cela fait plus d’un siècle que le Crédit Agricole a pour leitmotiv de se situer au plus près des territoires. « Cette stratégie a toujours été à l’origine de notre développement : le Crédit Agricole est né à la fin du XIXe siècle pour financer les agriculteurs », rappelle Véronique Faujour, secrétaire générale de la banque coopérative dans l’émission en ligne Les décideurs engagés de l’assurance et de la banque, réalisée par l’Institut de formation de la profession de l’assurance (Ifpass) en partenariat avec L’Hémicycle. En creusant son sillon sur le terrain, la banque verte veut faciliter les interactions entre tous les acteurs locaux, à commencer par les chefs d’entreprise et les élus.

En 1923, déjà, l’État s’appuyait sur le Crédit Agricole pour électrifier les communes. Ces infrastructures profiteront aux agriculteurs en améliorant leurs conditions de vie, en augmentant leurs rendements tout en palliant le manque de main‑d’œuvre. La loi du 2 août 1923, initiée par le député de Corrèze Henri Queuille, avait ainsi donné le pouvoir au Trésor de distribuer une enveloppe de 600 millions de francs à un taux plafond de 2,80 %. Avec cette somme, la banque coopérative, à travers ses caisses régionales, avait distribué des offres de prêt aux collectivités, l’État compensant la différence d’intérêt entre les 2,80 % et celui proposé par les caisses régionales. En 1930, 35 % des communes rurales bénéficiaient de ce prêt.

Première banque de proximité

Dès lors, le Crédit Agricole va progressivement étendre ses compétences aux communes de moins de 5 000 habitants (en 1971), puis aux communes de moins de 12 000 habitants (en 1979). Cinquante ans plus tard, en 1980, il est présent sur l’ensemble du territoire. Entre‑temps, la Caisse des dépôts et consignations (CDC) lui a transféré ses compétences en matière de financement des collectivités. Enfin, dans les années 1990, le Crédit Agricole parvient à fidéliser les collectivités locales les plus importantes en les accompagnant sur les marchés financiers. La banque intervient ainsi comme co-chef de file d’un emprunt émis en 1993 par la région Lorraine, ou distribue, dans le cadre de partenariats, des prêts à taux préférentiel à destination du bâtiment et des prêts liés à l’amélioration environnementale.

Cette proximité, le groupe la cultive jalousement grâce à son organisation coopérative et mutualiste, qui se décompose en 2 401 caisses locales et 39 caisses régionales, et dont les administrateurs sont souvent des élus locaux. La banque peut également s’appuyer sur un réseau de 7 100 agences en France (Crédit Agricole et LCL), ainsi que sur environ 5 000 relais Crédit Agricole installés chez les commerçants, ainsi que sur son dispositif de banque à distance, qui totalise 108 millions de visites par mois. « En tant que banque universelle, elle s’adresse à tous, des plus modestes aux plus fortunés, partout, dans tous les territoires, avec toutes les solutions bancaires et patrimoniales », insiste Véronique Faujour. Une stratégie que le groupe n’hésite pas à étendre à l’international, en premier lieu à l’Europe, par exemple en Italie.

Résultat : avec 31 millions de clients en France (sur un total de 51 millions), elle revendique la place de première banque de proximité. Et elle s’appuie sur les remontées du terrain sur l’état des transformations sociales et sociétales en cours pour adapter sa stratégie. « Nous sommes des façonneurs de territoires », affirme Véronique Faujour. « En tant que premier banquier des collectivités locales et territoriales, premier banquier des associations et premier banquier des Français, le Crédit Agricole est en capacité de relier tous les acteurs économiques, qu’ils soient élus locaux, investisseurs locaux, chefs d’entreprise ou industriels, dans des écosystèmes territoriaux que les caisses régionales connaissent bien », détaille-t-elle. En pariant sur la proximité physique et digitale, le groupe élargit sa fonction de banquier et se positionne sur de nouveaux métiers, là où il n’est pas nécessairement attendu.

Investissements dans la santé et la transition écologique

La banque a ainsi décelé des opportunités dans les déserts médicaux en manque de médecins traitants : elle a créé une filiale, Crédit Agricole Santé & Territoires, pour faciliter l’accès aux soins des Français sur tout le territoire. « Face aux transitions en matière de santé et de vieillissement, le Crédit Agricole veut contribuer aux solutions, en accompagnant par exemple l’installation de professionnels de santé, ou encore en rendant accessibles les services de téléconsultation pour ses clients », développe Véronique Faujour. Elle ambitionne également d’accompagner le développement des résidences seniors. Le Crédit Agricole y voit un cercle vertueux, qui va du financement de la santé à la construction des infrastructures en passant par la redynamisation du tissu économique local.

De même, la banque entend être un acteur de la transition écologique via sa toute jeune filiale, Crédit Agricole Transitions & Énergies, qui annonce mobiliser 19 milliards d’euros dans le financement des énergies renouvelables d’ici à 2030, et investir 1 milliard d’euros sur ce marché. Elle ambitionne même de produire des énergies renouvelables, en s’appuyant sur les entreprises et les collectivités locales.

Ces nouveaux métiers font partie intégrante de son plan Stratégie 2025. Ils constituent pour la banque de nouvelles opportunités de développement, d’une part en élargissant ses services à une population éloignée des grands centres urbains, et d’autre part en façonnant une croissance plus verte et plus respectueuse des territoires. « Les transitions ne sont pas des contraintes, mais des ouvertures vers de nouveaux modèles économiques », affirme Véronique Faujour. Forte de ses 8 milliards d’euros de bénéfices, le groupe se donne les moyens de ses ambitions : les deux tiers de ses résultats sont conservés ou réinvestis dans l’économie. « Ce qui fait du Crédit Agricole le premier financeur de l’économie française », conclut la secrétaire générale.

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