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Économie

Les chefs d’entreprises dans la bataille pour faire gagner la France

L’année 2023 a apporté une lueur d’espoir au déficit commercial français, grâce à une conjoncture favorable. La baisse des prix de l’énergie a joué un rôle clé dans cette amélioration. Toutefois, malgré ces progrès, la France demeure le pays de l’Union européenne affichant le plus fort déficit commercial. Parallèlement, notre pays continue d’exercer une attractivité certaine auprès des investisseurs, comme le révèle le dernier baromètre du cabinet EY. Comment pérenniser ces tendances positives bien au-delà de l’année olympique ? C’est précisément le sujet qui a animé un dîner-débat entre dirigeants d’entreprises, organisé à l’initiative de LOXAM début mars.

La Defense Business District at Dusk, Paris

À première vue, le tableau est plutôt réjouissant. Avec près de 17 000 entreprises sous contrôle étranger, employant au total 2,2 millions de personnes, la France conserve sa place de leader européen des investissements étrangers direct (IDE), selon les derniers chiffres du cabinet d’audit financier et de conseil EY, publiés en juin 2023. Un positionnement avantageux, même s’il ne faut pas baisser la garde… Car si les dirigeants étrangers interrogés dans le cadre du baromètre continuent majoritairement de penser que la France parviendra à réduire son endettement et son déficit commercial, ils sont moins nombreux à prévoir d’y implanter leurs sièges sociaux durant les trois prochaines années.

Face à ce constat, et soucieux d’apporter des solutions aux questions posées par le contexte économique actuel, des dirigeants d’entreprises français se sont retrouvés à l’occasion d’un dîner-colloque organisé par LOXAM, le 7 mars, dans les locaux de la société française de location de matériels, à La Défense. Alors que depuis l’élection d’Emmanuel Macron à l’Élysée, en 2017, ce dernier s’est attaché à restaurer la compétitivité et l’attractivité françaises, les patrons présents s’accordent à dire qu’ils participent pleinement à cette ambition. En témoigne ce constat d’un participant : « La France a retrouvé une place centrale en Europe. Et c’est sans doute aux acteurs privés de consolider cette position, d’impulser un enthousiasme et une dynamique économique. » Des mots qui soulignent la nouvelle dimension prise aujourd’hui par les entreprises et l’ensemble des acteurs du privé. Si l’image de la France « s’est améliorée de façon spectaculaire » et si son attractivité reste très satisfaisante, « nous avons encore de grands efforts à faire en matière de compétitivité », constate Arnaud Vaissié, président de CCI France International.

« Le président Biden a frappé fort ! »

Trois ans après la présentation, par le président de la République, du plan d’action « France 2030 », qui vise à renforcer la compétitivité du pays sur la scène internationale, le résultat, pour les dirigeants d’entreprise, peut encore être amélioré. Il est vrai que, face au « puissant décalage d’investissement vers les États-Unis » des entreprises internationales constaté par le patron de CCI France International, la tâche est rude. L’Inflation Reduction Act (IRA), le plan de 500 milliards de dollars mis en place par le président Joe Biden en août 2022 pour faire face à la crise économique post-covid, a procuré aux Etats-Unis deux atouts qui concentrent un fort intérêt des investisseurs étrangers : « Les subventions et le crédit d’impôt. Les Américains mettent les deux. Il est encore temps pour nous de réagir », s’exclame Arnaud Vaissié.

Réagir, donc. Mais comment ? Véronique Faujour, secrétaire générale de Crédit Agricole SA, estime qu’il s’agit avant tout « de renouer encore plus le dialogue et d’encourager, partout où c’est possible, plutôt que de sanctionner ». Pour cette dirigeante bancaire, qui observe de près les difficultés du monde paysan, il est urgent de redonner confiance en l’avenir et de miser davantage sur l’accompagnement des transitions « pour aborder au mieux la question écologique ». Le directeur général de VINCI Concessions et président de VINCI Airports, Nicolas Notebaert, acquiesce, en appelant également les politiques à mettre « beaucoup d’énergie pour faire en sorte que le modèle écologique que nous sommes en train de bâtir nous permette aussi d’exporter ».

« Échange d’idées »

Entre économie et écologie, normes et dialogues, taxes et aides aux entreprises, la discussion se focalise sur le juste équilibre à trouver. Si les participants se félicitent de la baisse à 25% du taux de l’impôt société (IS) et de la diminution de 10 milliards d’euros sur les impôts de production, Arnaud Vaissié note que ces réductions sont « assez largement compensées par l’augmentation des taxes, notamment, foncières et de transport ». Yves Laqueille, directeur général du Groupe des Industries Métallurgiques de la région parisienne (GIM), ajoute : « Au départ dans les mécanismes de transition, il n’est pas prévu de taxer tous les produits, ce qui peut induire des effets pervers. Par exemple, on taxe la tôle : en tant que constructeur automobile, vous vous arrêtez en Turquie, vous mettez la tôle sous une presse pour en faire une portière, et elle arrive en France non taxée ». Les politiques étant plus jeunes aujourd’hui – ce qui présente beaucoup d’atouts – ils peuvent avoir besoin d’échanger avec des dirigeants d’entreprises expérimentés. « Nous avons d’ailleurs des dialogues nourris avec les décideurs politiques et nous sommes toujours prêts à des échanges d’idées ou à faire des retours d’expériences pour offrir une vision opérative du sujet », note Stéphane Henon, directeur général de LOXAM.

Les Jeux Olympiques, une opportunité

Avec l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, de juillet à septembre prochain, le contexte est bien sûr favorable pour l’activité de notre pays. Avec 16 millions de visiteurs attendus, il y a là une opportunité en or pour les entreprises françaises de démontrer leur savoir-faire et leurs compétences aux yeux du monde entier. Tout l’enjeu, pour la France, est d’« apparaître comme un pays équilibré et efficace » et de promouvoir le « rayonnement » et « l’universalisme » de ses entreprises, préconise Nicolas Notebaert. À quelques mois seulement du coup d’envoi des JO, Arnaud Vaissié constate pour sa part un engouement autour de l’organisation : « Il y a une demande beaucoup plus forte des grands clients américains et asiatiques – dont 70% d’entre eux se situent dans les dix premiers groupes mondiaux – pour venir à Paris que pour venir à Sydney ou à Pékin. C’est spectaculaire », se félicite-t-il.

Une occasion unique que LOXAM, supporteur officiel des JOP de Paris 2024, compte bien saisir : « Nous avons remporté en groupement avec GL Events, le marché emblématique de la fourniture de l’énergie temporaire pour tous les sites, y compris pour le Centre international de diffusion (International Broadcast Center) situé au Bourget, nœud névralgique de la retransmission des épreuves par plus de 200 chaînes de télévision », explique Stéphane Henon. Pour le directeur général de LOXAM, ce positionnement stratégique traduit aussi une ambition d’investissement à l’international : « Ce qu’on fait pour les JO, on pourra le transposer sur d’autres grands événements sportifs ou culturels, mais aussi sur de grands projets d’infrastructure, d’énergies renouvelables ou de data centers. Sur ce type de projet, on est dans l’intégration et l’agrégation d’un certain nombre d’expertises, ce qui va bien au-delà de notre métier traditionnel de loueur », ajoute-t-il.

Face à une concurrence toujours plus rude, les critères scrupuleusement considérés par les entreprises évoluent. Dont celui de la décarbonation, la transition écologique constituant l’enjeu majeur des prochaines décennies. Un critère que la société VICAT prend notablement en considération : « Nous avons développé du béton bas carbone, dont les émissions sont divisées par trois par rapport à du béton classique », explique Sophie Sidos, vice-présidente de Parfininco, Holding du groupe Vicat, spécialisé dans le ciment.

Pour les dirigeants d’entreprise, les opportunités ne manquent donc pas, en 2024, pour développer attractivité et compétitivité. Tout l’enjeu sera de faire perdurer ce dynamisme en 2025, et au-delà.

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