Directeur de recherche au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), Luc Rouban est l’auteur de nombreux ouvrages sur la fonction publique, la réforme de l’Etat, les élus et la crise démocratique. Dans son dernier livre, il analyse Les racines sociales de la violence politique (L’Aube, 2024). Et explique le « ressentiment social » par le « décalage entre la prétention méritocratique d’un système dit « républicain » et la réalité du marché comme des mondes du travail ».

Illustration : Marina Mathonnat
Comment définir la violence politique en France ? Luc Rouban Historiquement, la violence politique a toujours été militante et partisane. Elle pouvait être révolutionnaire, s’insérer dans le débat autour de la République, de la forme ou de la nature du régime ; ou encore s’exercer entre les partis, les groupes de militants, entre droite et gauche ou entre extrême droite et extrême gauche. Mais en dehors des explosions populaires, tout ceci était relativement bien encadré par les appareils, régulé précisément pour que la République ne devienne pas un champ de bataille permanent. Certes, une violence politique a toujours existé, par exemple avec les attentats anarchistes avant la Grande guerre. Mais en dépit de quelques assassinats politiques, elle demeurait périphérique, marginale. Même à l’époque d’Action directe, elle n’a4555