Alors que les Émirats arabes unis intensifient leur positionnement comme hub économique mondial, la France renforce sa présence diplomatique et économique dans la région. Un alignement d’intérêts qui exige un accompagnement juridique de haut niveau, à la hauteur des transformations profondes en cours dans le Golfe.

Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Crédit photo : Klaudia Radecka / NurPhoto via AFP
La visite du ministre des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à Abou Dhabi le 24 avril dernier a marqué une étape significative dans la relation entre la France et les Émirats arabes unis. Dialogue renforcé, coopérations croisées, projets d’investissement bilatéraux : tout concourt à faire de cette alliance un pilier de la stratégie internationale française.
Sur le terrain, les signes de cette accélération sont tangibles. Les Émirats multiplient les réformes structurelles pour attirer les investisseurs, avec à la clef une ouverture accrue à la propriété étrangère, un climat fiscal favorable, et la création de juridictions spéciales comme l’Abu Dhabi Global Market (ADGM), inspiré du common law. Dans le même temps, les entreprises françaises – grands groupes comme PME innovantes – intensifient leur recherche de relais d’implantation ou de sécurisation patrimoniale dans la région. Cela vaut également pour de nombreux acteurs francophones.
Le droit, levier stratégique d’une implantation réussie
Mais cette dynamique s’accompagne d’une complexité juridique propre au Moyen-Orient. Contrairement au modèle unifié du droit français, la région repose sur une pluralité de cadres : zones franches aux régimes spécifiques, cohabitation de normes civiles, coutumières et anglo-saxonnes, et évolutions réglementaires constantes. Pour un investisseur étranger, le droit devient non pas un frein, mais un terrain à maîtriser finement.
« Aujourd’hui, pour réussir au Moyen-Orient, il faut conjuguer agilité juridique et compréhension fine des rapports de force économiques et culturels. C’est une alchimie rare, mais précieuse », rappelle Michael Kortbawi, co-fondateur du cabinet BSA Law, présent dans les principaux pays de la région. Ce cabinet de référence dans la région intervient depuis Dubaï ou Riyad comme un « traducteur stratégique », pour reprendre ses termes : une interface entre les ambitions françaises ou européennes et les codes juridiques locaux. BSA Law assiste de nombreux clients français et francophones depuis une vingtaine d’années.
Un moment à saisir pour les acteurs français
La fenêtre d’opportunité est réelle. À l’heure où les capitaux européens cherchent de nouveaux terrains de croissance, où la région du Golfe investit massivement dans la diversification de son économie (énergies renouvelables, tourisme, infrastructures, sport, culture…), le besoin d’interlocuteurs enracinés localement devient critique.
Dans les cercles économiques français, cette prise de conscience est déjà perceptible. Les directions juridiques, les fonds d’investissement, les banques privées ou les family offices se tournent désormais vers des partenaires capables non seulement d’exécuter, mais d’anticiper. « Notre rôle est de rapprocher intelligemment les logiques d’un groupe français et les dynamiques régionales. Cela demande autant de droit que de diplomatie », conclut Michael Kortbawi.
Dans ce nouvel âge des relations franco-émiraties, la projection juridique devient une condition de réussite. Et sans doute, à terme, un facteur de souveraineté économique : par la maîtrise du droit, les opérations sont sécurisées, les investissements protégés et l’intégrité des accords préservée dans la durée.