L’intelligence artificielle est la bienvenue dans un cadre pédagogique, à condition qu’elle soit encadrée, selon un sondage exclusif Kantar pour L’Hémicycle.
Illustration : Alexandre Nart
Dans la course mondiale à l’intelligence, dans ce qu’on appelle l’économie de la connaissance, l’éducation nationale et l’enseignement supérieur français doivent faire face à de nouveaux et nombreux défis, notamment technologiques : disparition du support papier au profit du numérique, révolution de l’intelligence artificielle, progression de la pratique en complément de la théorie, ou encore, favorisation d’un cursus international au lieu d’un cursus classique.
L’Hémicycle a décidé de consacrer une émission spéciale, le 23 mars, à 19h00, à la grande transformation du secteur de la formation, avec un sondage exclusif de l’institut Kantar portant sur trois aspects : l’expérience à l’international dans le parcours universitaire, l’intelligence artificielle dans l’éducation et l’importance des contrats d’apprentissage pour les formations supérieures (1).
54% des Français sont pour la validation d’un semestre obligatoire à l’étranger
Les expériences à l’international, qu’elles soient dans le cadre d’études professionnalisantes (stage, alternance) ou non (échange Erasmus classique), sont, en effet, de plus en plus encouragées par les écoles et les universités, qui développent des partenariats aux quatre coins du monde, mais aussi par l’État, qui soutient un système d’aide financière (bourse Erasmus +, par exemple). Valorisées par les futurs recruteurs, valorisantes pour les étudiants, ces échanges sont devenus incontournables dans les parcours universitaires.
Interrogés sur la nécessité ou non de rendre obligatoire au moins un semestre à l’étranger pour valider son diplôme, 54% des personnes interrogées ont répondu « oui », dont 13% « oui tout à fait », selon l’étude Kantar. Fait intéressant, ce chiffre grimpe à 67% chez les hommes et les catégories aisées et 66% chez les résidents de l’Ile-de-France. Apprentissage ou renforcement d’une langue étrangère, découverte d’un pays et d’une culture… autant d’arguments qui poussent les jeunes à partir dans un monde où les frontières sont perméables. Si la multiplication des crises (Brexit, Covid-19, guerre en Ukraine) a ralenti la dynamique des départs, il semble que la mobilité étudiante reparte à la hausse en ce début d’année 2023, et notamment en Europe, perçue comme un continent plus sûr par les grandes écoles.
Les étudiants plébiscitent l’intelligence artificielle
Les nouvelles technologies et les logiciels d’intelligence artificielle (IA) à l’instar du récent ChatGPT, un prototype conversationnel spécialisé dans le dialogue, bouleversent les usages. Objet suscitant autant d’inquiétudes que d’espoirs, aux contours législatifs encore flous, l’IA fait déjà partie de notre monde professionnel. Interrogés par Kantar sur une potentielle utilisation dans le contexte éducatif, contre toute attente, 81% des sondés jugent l’usage de l’intelligence artificielle « utile », à la condition qu’il soit réglementé : pour 39% d’entre eux, l’IA est « utile dans un cadre pédagogique mais doit être strictement encadrée ». Ils sont autant à estimer qu’elle « peut être utile, mais n’est pas indispensable ». Les étudiants, habitués à travailler avec Internet, sont plus nombreux à y voir un intérêt (89%), tout comme les cadres (87%), qui y voient une manière d’optimiser des tâches fastidieuses, jusque-là réalisées par des humains. La question n’est donc pas de savoir si l’IA va faire partie de notre monde éducatif et professionnel, mais plutôt comment elle va l’intégrer. Entre bouleversement du marché du travail, risque de dépendance, gain de temps et diminution des coûts, l’intelligence artificielle apparaît comme un outil révolutionnaire dont la maîtrise semble être une condition sine qua non à sa prospérité.
L’apprentissage redéfinit les enjeux de la formation
Plus de 9 personnes interrogées sur 10 se déclarent favorables à l’intégration d’un contrat d’apprentissage en entreprise pour chaque formation d’études supérieures. Parmi eux, près de la moitié (45 %) vont même jusqu’à affirmer y être « tout à fait favorables ». Cette idée est particulièrement appréciée des seniors (97% de ceux interrogés y sont favorables) et par la classe moyenne inférieure (96%), sans doute parce qu’il favorise l’entrée de ses enfants dans le monde du travail. Chez les étudiants et les 18-24 ans, la proposition est bien vue (respectivement 84 et 87% y voient un intérêt positif) – ils sont les principaux concernés. Reste à voir si ces suggestions intègreront le débat public.
(1) Questionnaire en ligne. Échantillon de 1000 personnes représentatif de la population âgée de 18 ans et plus, interrogées les 26 et 27 janvier 2023. Méthode du quotas (sexe, âge, profession de la personne de référence et région).