Forgé par la Révolution, notre modèle national, contractuel et universaliste, a été érigé en religion civique par la IIIe République. Mais, depuis les années 1970, cette vision singulière de la communauté nationale se délite.
Illustration :: Sarah Favre
« L’existence d’une nation est un plébiscite de tous les jours. » Le 11 mars 1882, à la Sorbonne, Ernest Renan délivre cette formule frappante au cours d’un discours appelé à une grande postérité, qu’il a intitulé « Qu’est-ce qu’une nation ? ». Dans ce texte, l’illustre historien et philosophe, phare intellectuel de son temps, théorise le modèle national forgé un siècle plus tôt par la Révolution française : une nation « moderne », explique Renan, est fondée sur « le désir de vivre ensemble », elle ne doit pas être définie par une « race », une langue ou une religion. Pendant plusieurs décennies, les gouvernements de la IIIe République vont s’attacher à ancrer dans les esprits cette vision contractuelle et universaliste de la collectivité nationale, qui reste le credo officiel de notre Ve République. Or,4555