Pour ce brillant essayiste et enseignant à Sciences Po, notre pays est en crise nationale, en panne de projet et d’idées, dont l’issue passe par la reconstruction d’une démocratie de proximité dans laquelle des gens qui n’appartiennent pas aux mêmes univers et qui n’ont pas les mêmes aspirations retrouvent du plaisir à être et à faire ensemble.
Illustration : Marina Mathonnat
En 2019, dans Slow démocratie (1), un essai salué par plusieurs prix, vous proposiez de réhabiliter l’État-nation… David Ddjaïz Oui, parce que la nation est notre bien commun. On a pensé un peu vite, en Europe, que la mondialisation, c'est-à-dire la libre circulation des capitaux, des marchandises, des êtres humains, des informations, allait effacer les frontières culturelles et nationales, et qu'on allait vivre dans un grand tout, un peu indiscriminé, où tout circule joyeusement. En réalité, on constate que la mondialisation n'a pas du tout effacé la nation. Comme l’a analysé l'historien Pascal Ory, il n'y a jamais eu autant de nations dans le monde. C'est un phénomène profondément mondialisé, peut-être le plus mondialisé. Il y a une aspiration des peuples à se gouverner eux-mêmes et4555