Par Éric Fottorino
Sarkozy, Borloo, tout passe, mais au fond qu’importe pour la jeune ancienne secrétaire d’État. Un seul homme figure depuis toujours dans son panthéon personnel : le premier Président noir sud-africain. Celui qui, après avoir passé vingt-sept ans dans les geôles de Robben Island, a mis fin à l’apartheid. Mais pour Rama Yade, Nelson Mandela symbolise un combat qui est loin d’être achevé.
Elle donne ses rendez-vous dans un café de l’avenue Trudaine et carbure au jus de mangue. Elle n’a plus de bureau à l’Unesco et pas encore rue de Valois, au siège du Parti radical. Elle était prête à s’investir auprès de Jean-Louis Borloo. Les locaux étaient loués, elle avait dit oui pour un meeting imminent à Lyon, avant l’annonce par l’ancien ministre de l’Écologie de sa non-candidature. Elle cache avec dignité sa déception mâtinée d’incompréhension. Rama Yade est une combattante. Elle laisse croire qu’elle est « une jeune écervelée » mais elle a gardé de sa formation classique l’amour des poètes fleuves, Goethe, Vigny, Musset. Ses discours, elle les apprend par cœur. Devant l’assistance, « on maîtrise mieux la salle », confie-t-elle en passionnée du verbe. Elle s’apprête à publier un nouveau livre, Plaidoyer pour une instruction publique, et vous lance dans un sourire que « l’école est un bonheur différé », d’abord du sang et des larmes qui préparent la réussite à venir. Déjà auteur d’un ouvrage sur les Noirs de France, « écrit sans nègre », sourit-elle,
comme tous ses autres livres, elle se demande encore pourquoi, à son entrée au Gouvernement en 2007, on l’a collée à Rachida Dati et à Fadela Amara. « C’était pour colorer la photo ? » demande-t-elle d’un ton faussement naïf.
Portrait
Rama Yade et l’icône Mandela
19 octobre 2011