L'Hémicycle L'Hémicycle

Défis 2022

Politique

Environnement : ce que les Français sont prêts à accepter

Crise de l’énergie, agriculture intensive versus bio, énergie nucléaire versus renouvelable, nouvelle PAC. Anne Lauvergeon et Christiane Lambert en ont débattu sur le plateau de Défis 2022, avec les éditorialistes Mathieu Croissandeau et Eric Revel.

LAUVERGEON_CL

Souvent, l’écologie divise tant l’enjeu environnemental est devenu l’angoisse de l’époque. Les sujets de clivage ne manquent pas, en effet, dans la manière d’aborder la lutte contre le changement climatique. Sur le constat, cependant, les Français semblent avoir tranché le débat qui a pu exister ces dernières années, alimenté par certains sceptiques, sur l’existence d’un dérèglement climatique. « Non seulement c’est une réalité, mais elle a déjà des effets dans le quotidien des gens, disent les Français », note Emmanuel Rivière, de Kantar Public, dans un sondage exclusif pour L’Hémicycle et Epoka dont les résultats ont été dévoilés lors de l’émission Défis 2022, en présence d’Anne Lauvergeon, ancienne patronne d’Areva, aujourd’hui à la tête d’ALP, une structure de conseils et d’investissements, et de Christiane Lambert, présidente de la FNSEA. 

Les Français de plus en plus sensibles à l’exploitation des sols et des élevages

« Il n’y a plus de climatosceptiques en agriculture, et depuis longtemps », car les agriculteurs en constatent la réalité, a affirmé la responsable agricole en évoquant notamment l’épisode de gel des vignes, en 2020, dont « les images avaient choqué les Français ». Christiane Lambert a rappelé que son organisation souhaitait faire du défi climatique une opportunité pour l’agriculture, alors que les Français se montrent de plus sensibles aux conditions d’exploitation des sols et des élevages, comme le démontre l’étude de Kantar. Sur les pesticides que les agriculteurs sont souvent accusés d’utiliser en grande quantité, Christiane Lambert a répondu qu’au niveau européen, la France était« reconnue comme le pays qui a fait le plus d’efforts, avec des plans écophyto : nous avons réduit, par exemple, en deux ans, de 15% les produits les plus toxiques, classés toxiques 1, et de 9% ceux qui sont classés toxiques 2 ». Quant à l’agriculture intensive, que pourfend notamment le candidat écologiste Yannick Jadot, c’est, selon elle, un « mot totem ». Si l’agriculture bio progresse en France, elle « ne peut pas nourrir toute la planète ». « Entre l’agriculture intensive et le bio, il y a la place pour d’autres moyens intermédiaires », dit-elle, précisant que la France avait « l’alimentation la plus durable du monde ».

À lire aussi

Présidentielle 2022 : l’enjeu environnemental sera décisif

Par Rosalie Mertin

En France, le débat est tout aussi vif sur la part du nucléaire dans le mix énergétique, alors que le prix de l’énergie et des matières premières flambent dû à une géopolitique de plus en plus complexe, notamment à l’est de l’Europe. « Le gaz a explosé, Poutine a la main sur le robinet », a résumé Christiane Lambert. Pour Anne Lauvergeon, l’Europe est entrée dans une crise énergétique. « Les prix de l’énergie extraordinairement élevés risquent de mettre en péril le redémarrage économique post-covid, a-t-elle averti. On est dans une situation où l’énergie apparaissait comme quelque chose qui quasiment sortait du mur, qui était totalement évidente ; je crois qu’on va se réveiller. » Le chèque énergie exceptionnel de 100 euros accordé par l’État aux ménages les plus modestes ne sera pas suffisant, selon elle, pour que ces derniers puissent faire face à une hausse « jamais vue »

Nucléaire versus renouvelable : halte aux « guerres de religion »

S’agissant de l’énergie nucléaire versus renouvelable, Anne Lauvergeon souhaite que l’on arrête avec les « guerres de religion » « Opposer l’énergie renouvelable et nucléaire m’a toujours paru absurde, a-t-elle déploré. La seule façon de n’avoir que du renouvelable, c’est d’avoir des capacités de stockage considérable. En France, on ne sait pas faire. » Et de rappeler qu’elle est « pour » les éoliennes, mais que celles-ci « ne sont pas françaises et les panneaux solaires tous chinois. » Au passage, l’ancienne patronne d’Areva « ne comprend pas que l’État ait coupé en deux la filière nucléaire française »,aujourd’hui soutenue « par deux sociétés séparées » ; elle regrette que la France ne soit plus le leader mondial dans ce domaine. Elle approuve le développement de miniréacteurs modulaire (dit SMR, pour small modular reactor), présenté le 12 octobre 2021 par Emmanuel Macron dans son plan d’investissement France 2030. 

L’Hémicycle vous recommande

National Assembly

Législatives 2022 : les quatre scénarios d’un scrutin clé

Slide 05

Présidentielle 2022 : Macron et Le Pen au défi du pouvoir d’achat

FRANCE2022-POLITICS-ELECTION-LREM

Présidentielle 2022 : rien n’est joué

515_Mockup_det-1 Je m’abonne