Du PSG au Mondial 2022, le pays hôte déploie sa stratégie d’influence.
Photo : iStock.
Longtemps critiqué pour l’ambiguïté de ses positions géopolitiques au Moyen-Orient, le Qatar s’efforce de clarifier ses engagements en tentant de s’offrir une légitimité irréprochable grâce au sport. Il n’est pas nouveau que celui-ci soit utilisé comme une arme, de propagande hier, de « soft power » aujourd’hui. Plus que d’autres compétitions, parce que le football est populaire partout dans le monde, le Mondial a souvent été sujet aux jeux d’influence et de pouvoir. L’émir du Qatar a bien compris tout ce qu’il aurait à gagner en termes d’image en investissant dans le sport.
Le PSG, club capitale
Premier dossier, le Paris-Saint-Germain. A l’époque, le club de la capitale appartient à un fonds d’investissement américain, Colony Capital, qui est obligé de renflouer les caisses. Son directeur général pour l’Europe, Sébastien Bazin est un proche de Nicolas Sarkozy. Sa fille était, en effet, une des enfants pris en otages à l’école maternelle de Neuilly, en mai 1993, la ville dont Sarkozy était le maire. En juin 2011, le fonds d’investissement QSI (Qatar Sports Investments) débourse 76 millions pour racheter le club. « Ce n’est pas moi qui ai dit à Tamim al Thani d’acheter le PSG, ni à Sébastien Bazin de le vendre », explique alors Nicolas Sarkozy. Le PSG est tiré d’affaire et Colony Capital, sauvé. Entre-temps, la Coupe du Monde a été attribuée au Qatar, le 2 décembre 2010.
La Sampdoria de Gênes en ligne de mire
Le PSG, mais pas seulement… En juin 2011, Doha donne un coup de pouce au football français en faisant grimper les enchères sur les droits TV de la Ligue 1 face à Canal+, alors en situation de monopole. Depuis, ces droits revus à la baisse ont été acquis par Amazon. Enfin, depuis peu, Qatar Sports Investments s’est mis sur les rangs pour se rendre acquéreur de la Sampdoria de Gênes, en grande difficulté financière depuis le retrait la saison dernière du président Massimo Ferrero, confronté à des accusations de fraudes. Sur le plan sportif, la Samp stagne toujours dans les profondeurs du classement de la Série A et attend la reprise d’un sauveur providentiel qui pourrait être Khalid Faleh al Thani, un membre de la famille régnante, qui envisagerait de faire de la Sampdoria, le club satellite du PSG. L’influence du Qatar n’a donc pas fini de se faire sentir dans les coulisses du football mondial…