De ses débuts folkloriques en 1930 à aujourd’hui, cette compétition déchaîne les passions, grâce à la magie de ses joueurs stars. Retour en arrière.
Illustration : Daniel Nyari
Le 21 juin 1930, le Conte Verde quitte le port de Villefranche-sur-Mer. A son bord, en plus des 2000 passagers : la délégation française rejoint la sélection de football de Roumanie, qui a embarqué la veille à Gênes (Italie). A l’époque, les joueurs français sont amateurs (le professionnalisme sera instauré en 1932) et les meilleurs ne sont pas tous là, certains n’ayant pu obtenir un congé de deux mois. Une escale est prévue le lendemain, à Barcelone, pour accueillir l’équipe de Belgique. La Yougoslavie, elle, a déjà pris la mer depuis Marseille à bord du Florida. Direction l’Uruguay, où doit se disputer la première Coupe du monde de la Fédération internationale de football (FIFA). Quinze jours de traversée à destination de Montevideo. Depuis le krach boursier de Wall Street, en 1929, la crise économique a frappé l’Europe, et les autres pays européens ont préféré renoncer à investir des fortunes dans cette coûteuse aventure.
Une première folklorique
L’aventure commence sur ce paquebot magnifique, long de 170 mètres, qui emmène vers la lointaine Amérique quelques personnalités marquantes de l’époque. Il y a le président de la FIFA, le Français Jules Rimet, qui garde dans un coffre-fort de sa cabine la fameuse coupe en or ciselée par l’orfèvre Abel Lafleur, laquelle sera rebaptisée un peu plus tard Coupe Jules Rimet. Il y a aussi la fameuse cantatrice d’opéra Marthe Nespoulos accompagnée d’un célèbre ténor russe.
Tout le monde s’entraîne ensemble dans un joyeux mélange sur le pont du paquebot au milieu de voyageurs vite accoutumés à ces exercices matinaux devenus familiers. La Coupe du monde naissante n’est encore qu’un événement folklorique. « C’était plus pour nous l’occasion d’un grand voyage qu’un événement sportif », remarque, alors, Lucien Laurent, l’attaquant-vedette de l’équipe de France. Il faut reconnaître que la presse de l’époque ne prend pas très au sérieux cette nouvelle compétition boudée par l’Angleterre qui, avec toute l’arrogance du pays « inventeur du football », dénigre une épreuve à laquelle elle refuse de participer. D’ailleurs, le quotidien L’Auto, ancêtre du journal l’Équipe, ne consacre qu’une cinquantaine de lignes à la finale entre l’Uruguay et l’Argentine. L’Europe ne peut pas encore imaginer ce que deviendra la Coupe du monde. Elle semble n’intéresser alors que les passionnés de périples en terres inconnues qui rêvent plus de conquêtes exotiques que d’affrontements sportifs.
Après 11 jours de traversée, le Conte Verde fait une ultime escale à Rio de Janeiro, où embarque la sélection brésilienne. Nous sommes au tout début du mois de juillet, le temps est splendide et tout ce beau monde a le sentiment de vivre une épopée commencée comme une croisière de luxe.
Pour commémorer le centenaire de son indépendance, l’Uruguay a entrepris la construction du monumental stade du Centenario, d’une capacité de 108 000 spectateurs. Les travaux ayant été plus longs que prévu, ce dernier n’est pas terminé le 13 juillet pour son inauguration qui devaiot avoir lieu initialement lors du match d’ouverture entre la France et le Mexique. Et c’est sur le terrain annexe du petit stade de Pocitos, devant 4 000 spectateurs environ, que Lucien Laurent inscrit pour la France le tout premier but de la toute première Coupe du monde.
Capitaine de la sélection tricolore, Alexandre Villaplane connaîtra plus tard un destin tragique. Natif d’Alger, ce fils d’émigrés espagnols, rejoindra la Gestapo pendant l’Occupation et sera fusillé en décembre 1944 au Fort de Montrouge, à Arcueil, pour avoir participé à la rafle et au massacre de Mussidan, en Dordogne. Les petites histoires du football se télescopent parfois avec la grande histoire.
Sindelar, le « Mozart du football »
Dans les années 1930, l’Autriche, avec sa « Wunderteam », domine le football européen. Matthias Sindelar, son meneur de jeu, est aussi un buteur d’exception. Fin, frêle, avec un torse de moineau, Sindelar est un génie du ballon rond. Dans les cafés de Vienne, il a hérité du surnom de « Mozart du football ». Raillé pour son physique de grand échassier, il fait pourtant l’admiration de Vittorio Pozzo, le sélectionneur de l’Italie championne du monde en 1934 : « Le ballon le rend beau ». Il est capable d’enchaîner des dribbles incroyables et élimine ses adversaires par des feintes « pareilles au souffle de vent ». Mozart devient le tourbillon viennois ou encore « Der Papieren ». A la pointe de l’attaque de l’Austria de Vienne, « l’homme de papier » enquille but sur but. 600 en 700 matchs ! Et, avec l’Autriche, dont il est l’âme et le maestro, il survole le football européen.
Personne ne parvient à leur résister. Jusqu’en 1938… Le 12 mars, Hitler envoie ses blindés pour faire de l’Autriche une province allemande. La sélection autrichienne est mise en pièces. Ses meilleurs éléments sont contraints de jouer sous le maillot de la Mannschaft. Sindelar, lui, y renonce, prétextant la résurgence d’une ancienne blessure au genou. Dans le même temps, il ne se prive pas de marquer son soutien au président de l’Austria de Vienne, évincé parce que juif. Devant les nouveaux maîtres du club, il ose : « On m’a interdit de vous saluer. Mais je vous saluerai toujours, Monsieur ». Fiché comme hostile au régime nazi, il n’aura plus aucun soutien. Le 26 décembre 1938, Sindelar marque son dernier but pour l’Austria, ultime chef-d’œuvre de Mozart, qui ne donnera plus aucun signe de vie. On retrouvera son corps et celui de sa compagne, le 23 janvier 1939, dans un appartement de la rue Anna, à Vienne. L’enquête, vite bâclée, conclura à une intoxication au monoxyde de carbone… Mais, après la guerre, on évoquera plutôt un assassinat de la Gestapo.
Le roi Pelé
En 1958, on assiste à l’éclosion d’un phénomène. Pelé a 17 ans lorsqu’en Suède, il se fait connaître du monde entier. Enfant d’un quartier pauvre de Très Coraçoes, Edson Arantes do Nascimento, de son patronyme, apprend le football dans la rue, où il gagne ses premiers sous en étant cireur de chaussures. Comme tous les Brésiliens, le jeune Pelé a vécu la défaite de la Seleçao en finale de la Coupe du Monde 1950 face à l’Uruguay au Maracana de Rio comme un véritable drame national. Le peuple est abattu, beaucoup se suicident… Pelé a grandi avec le rêve de laver l’affront, mais aussi de s’élever, lui, le petit enfant noir descendant d’esclaves, « en vivant le football comme un jeu, en le pratiquant comme une danse ». Dans le Brésil multiculturel de l’époque, il y a une énorme différence entre le football enseigné dans les clubs et celui appris, pieds nus, dans les rues avec des ballons de fortune, là où l’on développe l’art de l’évitement grâce à un toucher de balle délicat, presque sensuel. C’est ce que l’on appelle le « football samba ». Le jeune Pelé y révèle des qualités exceptionnelles où l’agilité et l’explosivité assorties d’une maîtrise du corps parfaite lui permettent une créativité sans limites.
C’est ce footballeur-là qui, en Suède, émerveille par son talent, sa vivacité, sa technique soyeuse, sa joie de vivre avec le ballon, ainsi que le ferait un musicien avec un instrument de musique. Avec Pelé, le football n’est pas qu’un sport, ce n’est même plus un jeu, c’est un art. La notoriété de Pelé n’allait pas cesser de croître au point qu’on finira par le considérer comme le plus grand joueur de tous les temps… Jusqu’à l’avènement de Lionel Messi. Ainsi naquit, en Suède, la légende de celui qu’on appelle encore de nos jours « le roi Pelé ».
On ne peut pas parler de la Suède 58 sans évoquer le parcours remarquable de l’équipe de France emmenée par la « bande des quatre ». Ses quatre attaquants Kopa, Piantoni, Fontaine, Vincent, qui réussissent à hisser la sélection tricolore jusqu’à la 3e place derrière l’invincible Brésil et une surprenante équipe de Suède. La réussite de l’équipe de France est due en grande partie à la forme éblouissante de son avant-centre Just Fontaine. Justo, comme on l’appelle familièrement, qui marque les esprits dès le premier affrontement avec le Paraguay, 7-3, avec un triplé du natif de Marrakech. Deuxième match perdu (2-3) par la France face à la Yougoslavie, mais doublé de Fontaine. Nouveau but de Justo contre l’Ecosse (2-1). Les Bleus remportent facilement la rencontre face à l’Irlande du Nord (4-0), et nouveau doublé de Fontaine. Contre le Brésil de Pelé, en demi-finale, malgré la défaite (5-2), la France oppose une résistance héroïque, et Fontaine inscrit l’un des deux buts tricolores avant de terminer sa Coupe du monde comme un ouragan contre la RFA dans le match pour la 3e place en réussissant un quadruplé historique. Si l’on compte bien, 13 buts… en six matchs, soit une moyenne supérieure à deux buts par match. Un record dans une phase finale de Coupe du monde. Un record qui tient toujours et qui ne sera probablement jamais battu, par le fait que les scores sont désormais plus étriqués en raison d’organisations défensives plus hermétiques et surtout parce que les équipes nationales, même les plus « modestes », sont devenues beaucoup plus performantes.
Il n’en reste pas moins que Justo Fontaine fait partie des buteurs d’exception. Il est, en effet, le quatrième buteur de tous les temps en Coupe du monde derrière l’Allemand Klose, 16 buts… mais en quatre participations, derrière le Brésilien Ronaldo, 15 buts en trois éditions, et l’Allemand Gerd Muller, 14 buts au cours de deux phases finales. Et dire que Just Fontaine n’était que remplaçant avant l’expédition de Suède. Quand le titulaire, René Bliard, touché à un genou, déclare forfait, Albert Batteux et Paul Nicolas, le duo de sélectionneurs, font de Fontaine l’avant-centre de la sélection. C’est dur à avouer, mais jamais ils ne regretteront la blessure et le forfait de Bliard.
L’histoire de la Coupe du Monde se confond avec le destin de ceux qui écrivent les légendes, mais elle se raconte parfois avec des anecdotes plutôt cocasses. Ainsi, en 1966 à Wembley, lorsque Bobby Moore, capitaine de l’Angleterre victorieuse de la finale contre l’Allemagne, doit recevoir le trophée des mains gantées de la reine Elizabeth II. Le temps est maussade, il a plu et une couche de boue recouvre les doigts du capitaine anglais. Par respect pour sa reine, Moore n’a pas d’autre moyen que de s’essuyer longuement sur l’étoffe pourpre de la loge royale.
En 1978, dans l’Argentine des colonels, à l’échauffement sur la pelouse de Mar del Plata, les joueurs français découvrent que leurs adversaires hongrois sont en blanc, comme eux. Or, les Français devaient porter un maillot bleu. Impossible de laisser le match se dérouler comme ça. C’est aux Français de trouver un jeu de maillots d’une autre couleur. La recherche de nouvelles tuniques prendra de très longues minutes qui coûteront une fortune en droits de retransmission. Finalement, après plus d’une heure, les Tricolores se présenteront pour le coup d’envoi avec des maillots avec des bandes verticales vert et blanc empruntés à l’Atletico de Kimberley, un club amateur composé essentiellement de pêcheurs du coin.
A Valladolid, en 1982, la France mène 3-1 contre le Koweït. Il reste moins de dix minutes à jouer, Platini adresse une passe à Giresse qui marque un but magnifique validé par Miroslav Stupar, l’arbitre russe. Or, au moment de la passe de Platini un coup de sifflet est parti du haut des tribunes du Stade José Zorrilla. Comme un défenseur koweïti a marqué un temps d’hésitation, depuis la tribune officielle un homme enturbanné portant la tenue traditionnelle de son pays fait de grands gestes pout faire annuler le but. C’est le Cheik Fahad al Ahmed al Jaber al Sabah, frère de l’émir, et président de la fédération du Koweït, qui quitte la tribune et pénètre sur la pelouse en vociférant. Avec de grands gestes et entre deux hurlements, on comprend qu’il demande à M. Stupar d’annuler le but. En même temps, il ordonne à ses joueurs de quitter le terrain et de regagner les vestiaires. M. Stupar consulte son juge de touche et annule le but. Réaction immédiate de Michel Hidalgo qui veut, à son tour, rentrer sur la pelouse, mais la Guardia Civil le repousse sans ménagements. Palabres, discussions, cris, gestes démesurés, on vit une véritable scène de théâtre. Finalement, la rencontre peut reprendre après de longues minutes de vociférations. Bossis marque un quatrième but qui sanctionnera une très nette victoire de l’équipe de France. Quelques semaines plus tard, la FIFA radie l’arbitre à vie pour avoir cédé à la pression du Cheikh qui, lui, se voit adresser un blâme en raison de sa conduite antisportive. Celui-ci connaîtra une fin tragique huit ans plus tard, durant la première Guerre du Golfe. En 1990, l’Irak envahi le Koweït. C’est le chaos. Pourtant, la British Airways maintient le vol 149 qui doit rallier Londres à Kuala Lumpur avec une escale à Koweït City. L’avion ne quittera jamais le pays. Les 367 passagers sont pris en otages. Parmi eux, le Cheikh Fahad al Ahmed. Reconnu par les milices de Saddam Hussein, il est exécuté et sa dépouille exposée en place publique…
L’archange Cruyff
Johan Cruyff est l’égal des plus grands. Il est tout à la fois l’intelligence tactique, la technique, la vision du jeu, l’anticipation, l’élégance, la ruse… Tout. Il est tout ce que l’on peut aimer chez un footballeur, le génie créatif et l’efficacité offensive. Mais Cruyff, c’est aussi le verbe juste, les mots qui font mouche et qui restent. « La technique, disait-il, ce n’est pas être capable de faire 1000 jongles. Tout le monde peut le faire avec de l’entraînement. Cela peut te servir éventuellement pour travailler dans un cirque. La technique, c’est passer le ballon en une touche, à la bonne vitesse et sur le bon pied de ton coéquipier. » Tout est dit ! Pour Cruyff, l’attaquant est le premier défenseur et le gardien le premier attaquant.
« Jouer au foot, c’est très simple mais jouer un football simple est la chose la plus difficile qui soit », avait-il coutume de dire. Avec de telles idées et une telle conception du jeu, il était écrit qu’après avoir été un joueur d’exception, il devait devenir un entraîneur visionnaire, toujours obsédé par le collectif. Il ne fut véritablement que l’homme de deux clubs, l’Ajax Amsterdam et le FC Barcelone (malgré deux passages au Bayern Munich et à Manchester City), ainsi que l’âme de la sélection néerlandaise. En clubs, il aura tout gagné… Il lui aura seulement manqué de remporter la Coupe du monde avec l’équipe nationale. Question de chance plus que d’opportunités. Devenu l’entraîneur du Barça, il dit un jour à quelqu’un qui l’interrogeait sur le marché des transferts et sur la boulimie de certains clubs : « Vous pouvez toujours recruter les meilleurs joueurs du monde à chaque poste, vous aurez réussi à faire un groupe de numéros 1, mais ce n’est pas pour autant que vous aurez bâti une équipe de football ».
La main de Dieu
Diego Maradona est un autre grand phénomène du football, mais sa vie, en revanche, est tumultueuse et chaotique. El pibe de oro (le gamin en or) devenu adulte et célèbre use de tous les excès, au risque de porter atteinte à son intégrité physique et à sa santé mentale. Il a sans doute des fêlures psychologiques remontant à l’enfance qu’il ne réussit jamais à surmonter malgré sa réussite, sa notoriété et sa richesse. Sa vie privée est un modèle d’échecs sans cesse répétés. Il a huit enfants avec six femmes différentes, sans jamais trouver la stabilité.
Enfant pauvre de Lanus, son pied gauche magique, dont il se sert comme d’un outil d’orfèvre, lui permet toutes les audaces en se jouant de ses adversaires. Court sur jambes avec un centre de gravité très bas, Diego Armando Maradona a les qualités physiques propres aux dribbleurs d’exception. Comme il a la « grinta » de tous ceux qui ont une revanche à prendre sur la misère et qu’il est rusé comme un renard, il devient rapidement le joueur le plus doué de sa génération et un des meilleurs footballeurs de tous les temps.
Le monde du football a encore en mémoire ses exploits de la Coupe du monde 1986 qu’il offre à l’Argentine avec un sommet en quart de finale contre l’Angleterre devant les 110 000 spectateurs du stade Azteca de Mexico. La guerre des Malouines est encore dans toutes les mémoires. L’Angleterre est considérée plus comme un ennemi que comme un adversaire. Maradona ne peut pas perdre, ne veut pas perdre et il va inscrire deux des plus célèbres buts de l’histoire du Mondial. Le premier de la main (gauche) à la 51e minute, connu depuis sous l’appellation de « la main de Dieu », et le second quatre minutes plus tard après avoir traversé tout le camp anglais en dribblant cinq adversaires, dont le gardien Peter Shilton. Un chef-d’œuvre inoubliable qualifié depuis de « but du siècle ». Cette rencontre est considérée encore aujourd’hui comme la plus fameuse de la Coupe du monde par son contexte, sa dramaturgie et, surtout, par la consécration de Maradona reconnu, dès lors, comme l’un des meilleurs joueurs de l’histoire.
« Platoche »
Michel Platini croise à maintes reprises la route de Maradona, notamment en Italie lorsque le Français portait les couleurs de la Juventus de Turin et l’Argentin celles du Napoli. Deux monstres dans un même championnat. Deux joueurs aux dons exceptionnels, mais aux qualités bien différentes. Plus fin, plus longiligne, Platini est plus cérébral que l’Argentin. Tout ce qu’il fait sur un terrain est réfléchi, pensé, sensé. Son physique ou son côté athlétique n’étant pas ses qualités premières, Michel Platini les a largement compensées par son intelligence et une formidable capacité de jugement. Il a toujours un temps d’avance sur ses adversaires et parfois même sur ses partenaires. Bien avant de prendre possession du ballon, il savait ce qu’il allait en faire en ayant évalué la situation et le positionnement des joueurs autour de lui. Sans être vraiment un footballeur rapide, Platini fait vivre le ballon avec vivacité. Le jeu s’anime autour de lui avec légèreté, avec fluidité.
Considéré longtemps comme le numéro 10 le plus fameux du football français, « Platoche » est bien plus que cela. C’est aussi un redoutable finisseur, qui profite de son sens de l’anticipation, de sa justesse d’appréciation et de sa précision pour cadrer et pour marquer. Il est aussi un formidable tireur de coups francs depuis l’époque où, à Nancy, sous l’autorité et les conseils de son père Aldo, il a travaillé assidûment cet exercice en s’amusant à contourner un mur de mannequins. Bref, Platini c’est l’opiniâtreté dans le travail et l’intelligence au service du jeu. Des qualités qui permettent sa réussite sur les terrains et dont il se servira à la fin de sa carrière de joueur pour devenir entraîneur, sélectionneur puis dirigeant dans les instances européennes du football. Comme à Cruyff, la Coupe du monde manque à son palmarès.
Messi, le plus grand
Pour Lionel Messi, il suffit donc de rassembler les qualités de tous ceux que l’on a décrits ici pour avoir son profil. Il est le plus grand parmi les grands. Il est la légende, un monument, une icône, le meilleur footballeur de tous les temps. Le joueur aux sept Ballons d’or a tout gagné. Seule lui manque la Coupe du monde avec la sélection d’Argentine. C’est peut-être pour cette année, au Qatar. En tout cas, tous ses partenaires de l’Albiceleste ont fait le serment de « se sortir les tripes » pour lui, pour qu’il puisse brandir le trophée dans le ciel de Doha, son rêve ultime. Ainsi, le jour où il tirera sa révérence, il pourra se dire « enfin ». Mais, ce jour-là, comme l’a dit l’ancien international argentin Omar da Fonseca : « Même les ballons pleureront ! ».