Les Français accordent de plus en plus de crédit aux entreprises et de moins en moins aux membres du gouvernement, selon une étude Harris Interactive.
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Dans le brouhaha médiatique, les Français n’accordent pas facilement leur confiance, et ils ne l’accordent pas de manière égale à tous les acteurs de la vie publique. Mais, depuis quelques années, des tendances se dessinent, mesurées par le quatrième baromètre annuel réalisé par l’institut Harris interactive (1). Si la parole des scientifiques (80%) et des associations (73%) restent au firmament (respectivement +1 et 2 points entre 2022 et 2021), celle des membres du gouvernement s’enfonce dans le bas du classement (30%, -2 points par rapport à 2021). D’une manière générale, la parole publique s’affaiblit puisque les élus locaux, qui bénéficient d’une bien meilleure appréciation de la part des citoyens, baisse également en 2022.
Deux acteurs, en revanche, poursuivent leur progression : les entreprises, qui montent sur le podium (63%, + 9 points depuis 2019), et, c’est un fait notable dans un pays où le taux de syndicalisation est faible, les syndicats (42%, + 2 points par rapport à 2021 et + 8 points depuis 2019). On verra l’an prochain si les Français continueront à accorder davantage de crédit à leur parole, mais aussi à leurs actes, et valideront ou non leur stratégie d’opposition frontale à la réforme des retraites. Les fédérations professionnelles, pour leur part, maintiennent leur bon niveau (59%).
S’agissant des entreprises, ils préfèrent toujours les entreprises locales, ou ayant leur siège en France et aux PME, bref aux entreprises made in France. A contrario, on observe une baisse notable de la confiance envers les entreprises du CAC 40 ou à dimension internationale, qui perdent 6 points depuis dans le premier cas et 7 dans le second. Les entreprises apparaissent donc un peu plus chaque année comme des acteurs de confiance, et les employeurs, surtout s’ils sont proches, rassurent davantage que les élus, dont l’image ne s’améliorent décidément pas – la détérioration du climat parlementaire dans le contexte de majorité relative n’arrange rien à l’affaire.
Cette défiance « à la française » touche également les médias, auxquels les Français accordent une confiance plus que limitée (42%) avec un crédit qui se creuse les chaînes de télévision (+3 points pour les chaînes publiques et +9 points pour les chaines privées) et les grands quotidiens nationaux et même régionaux, pourtant plus proches.
Les Français attendent plus d’engagements
Les entreprises mêlent espoirs et attentes : on leur demande encore de faire leurs preuves, particulièrement en matière de politique environnementale – on se souvient de la « rébellion » des jeunes diplômés de plusieurs grandes écoles d’ingénieurs, l’an dernier. Les Français interrogés attendent des entreprises, quelles que soient leurs tailles, de s’engager dans les questions de relocalisation, de conditions de travail, de RSE et de relance de l’économie. L’opinion critique leur gestion de la crise énergétique et une prise de parole trop timide, notamment sur la réduction de leur consommation d’énergie, le pouvoir d’achat et la sauvegarde de l’emploi – des mesures qui relèvent plutôt, d’ordinaire, des pouvoirs publics. Conséquence de ces attentes, les entreprises portent désormais un poids moral de plus en plus lourd pour agir et transformer la société.
(1) Enquête réalisée en ligne du 28 décembre 2022 au 10 janvier auprès du panel propriétaire Harris Interactive. 6 002 répondants représentatifs de la population française âgés de 18 ans et +. Méthode des quotas appliquée selon le sexe, l’âge, la catégorie socioprofessionnelle et la région d’habitation. Palmarès : 250 entreprises testées de 27 secteurs d’activités.