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Le Kazakhstan, à la veille d’une étape importante

Un article de Gulsara Arystankulova, ambassadrice du Kazakhstan en France.

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Le début de cette année n’aurait pas pu être plus différent pour le Kazakhstan que le tragique mois de janvier 2022. Il y a un peu plus de douze mois, notre pays était en proie à une violente tentative de coup d’État orchestrée par des groupes qui voulaient voir notre nation s’effondrer. Il y avait une réelle possibilité que l’État kazakh s’effondre de l’intérieur, ce qui aurait eu des conséquences bien au-delà de l’Asie centrale.

Heureusement, notre pays a réussi non seulement à se remettre des blessures causées par les événements de janvier 2022, mais aussi à renforcer les fondements de notre gouvernance grâce à des changements politiques et socio-économiques. Douze mois plus tard, en janvier 2022, notre pays est méconnaissable. Les amendements constitutionnels mis en œuvre à la suite du référendum national de juin 2022 ont introduit de nouveaux principes démocratiques dans notre pays, notamment un parlement plus influent, des pouvoirs présidentiels limités, des procédures simplifiées pour l’enregistrement de nouveaux partis politiques, des élections directes des Akims (gouverneurs), parmi beaucoup d’autres mesures importantes.

Plusieurs initiatives politiques ont été lancées en janvier de cette année. La plus importante est sans doute la création de la Cour constitutionnelle, à laquelle tout citoyen peut s’adresser, y compris le commissaire aux droits de l’homme et le procureur général. La Cour veillera à ce que les lois de notre pays soient conformes à notre Constitution et protégera les droits fondamentaux de nos citoyens. Elvira Azimova, la première présidente de la Cour constitutionnelle, était auparavant commissaire aux droits de l’homme au Kazakhstan. Il s’agit là d’une indication claire des priorités et de l’orientation de la Cour.

Aujourd’hui, le Kazakhstan se dirige rapidement vers les élections du Majilis (la chambre basse du Parlement) et des maslikhats (organes représentatifs locaux) qui se tiendront le 19 mars. Ces élections seront uniques à bien des égards. Tout d’abord, deux partis politiques récemment créés participeront au vote. Par exemple, vers la fin de l’année dernière, le Parti écologique « Baytaq » a été créé au Kazakhstan, ce qui permettra de sensibiliser aux questions écologiques – un domaine d’une importance vitale en raison des défis actuels liés au changement climatique, et qui préoccupe grandement nos citoyens en raison des conséquences durables des calamités environnementales à grande échelle causées par l’homme à l’ère soviétique. 

Au total, sept partis sont désormais enregistrés dans le pays, ce qui offre une pléthore de choix politiques à l’électorat. Leur participation à des élections compétitives contribuera à renforcer le multipartisme en augmentant la pluralité et l’influence de l’opposition politique, un objectif que notre pays s’efforce d’atteindre depuis plusieurs années. De manière significative, le seuil d’entrée des partis au Majilis a été réduit de sept à cinq pour cent, ce qui permet aux partis d’opposition d’entrer plus facilement au Parlement et de jouer un rôle important dans le renforcement de la responsabilité du gouvernement.

Deuxièmement, un modèle mixte proportionnel-majoritaire sera utilisé pour la première fois depuis 2004 pour l’élection des Majilis, où 70% des députés seront élus à la proportionnelle sur des listes de partis, et 30% au scrutin majoritaire dans des circonscriptions uninominales. Cela signifie que 29 des 98 membres du Parlement seront élus dans des circonscriptions à mandat unique, tandis que 69 seront élus sur des listes de partis dans le cadre du modèle de représentation proportionnelle dans une circonscription unique à l’échelle nationale. Les élections des maslikhats des districts et des villes d’importance nationale se dérouleront également selon un système électoral mixte, avec un ratio de 50/50, tandis que les maslikhats de niveau inférieur seront entièrement élus selon une règle majoritaire.

En outre, une option « contre tous » sera incluse dans les bulletins de vote, ce qui donnera aux électeurs la possibilité d’exprimer leur désapprobation à l’égard de tous les candidats s’ils le souhaitent. Enfin, un quota de 30% pour les femmes, les jeunes et les personnes handicapées a été établi au niveau législatif dans la répartition des mandats des membres du parlement à partir des listes des partis. Cela garantit une représentation plus large au parlement de tous les groupes au Kazakhstan.

Notre pays a toujours montré son engagement à organiser des élections libres, ouvertes et équitables. Le rôle des observateurs électoraux est sans aucun doute crucial à cet égard. Comme pour les élections précédentes, y compris l’élection présidentielle de novembre 2022, nous avons invité 10 organisations internationales et des dizaines d’observateurs de pays étrangers à observer l’élection. Nous attendons les plus importantes missions d’observation des élections de la part du Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (BIDDH) de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) et de la Communauté des États indépendants (CEI). 

Les prochaines élections marqueront une nouvelle étape importante dans le développement de la démocratie au Kazakhstan. Nombreux étaient ceux qui ne savaient pas si notre pays se relèverait après les troubles de janvier 2022. Pourtant, nous avons réussi à surmonter cet obstacle. En plus de démontrer notre résilience et notre stabilité, nous avons transformé notre pays grâce à d’importantes initiatives politiques et socio-économiques.

Les élections ne changeront pas notre pays du jour au lendemain, mais elles contribueront à la création d’un Kazakhstan juste, d’une société prospère et d’un système politique plus vivant, dynamique et compétitif. Un tel pays sera un partenaire de coopération encore plus fort et plus engagé pour la communauté internationale, y compris pour la France.

Alors que le monde continue à relever les défis géopolitiques et économiques actuels, un Kazakhstan stable et prospère profite non seulement à ses propres citoyens, mais aussi à l’ensemble de la région et au-delà. Nos réformes politiques, soutenues par des élections compétitives, sont le fondement sur lequel nous assurerons notre stabilité et continuerons à construire notre avenir.

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