Le sociologue Michel Wieviorka raconte notre relation singulière à la route, bien-aimée des pouvoirs et des citoyens. Porteuse de liberté et d’émancipation, elle a aussi contribué à façonner le pays et à faire nation. La voici, désormais, confrontée au défi de la transition écologique.
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Les Français aiment la route, la voiture, le vélo. Pas tous, bien sûr, pas toujours non plus, et avec des différences, notamment générationnelles – « Il y a des jeunesses et des automobiles. Des automobilismes, même… », écrit l’historien Mathieu Flonneau (1). Mais, dans l’ensemble, ils y trouvent liberté et autonomie, concrétisation de projets et réalisation de rêves, ainsi que des modalités d’accès au travail, aux vacances et aux week-ends qui se sont démocratisées, même si les inégalités demeurent flagrantes. Certains associent l’automobile à l’affichage d’un statut social, d’autres au plaisir de la conduite, d’autres, encore, à un véhicule énergivore du XXe siècle. Tous prennent peu à peu conscience que la route, désormais, doit s’adapter à l’impératif majeur, planétaire : la transition nécessaire vers un monde décarboné. Comment, alors, non4555