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Tribune

Le steward et la France

Alors que l’avion France s’apprête à traverser une zone de sérieuses turbulences, est-il bien raisonnable d’en confier les commandes à un pilote inexpérimenté ?

Passanger airplane flying above clouds in evening.

Cravate sombre, costume impeccable, ventre plat, le steward est cette personne indispensable à l’embarquement dans un avion. Bien peigné, le teint frais, il accueille avec les hôtesses de l’air les passagers, explique les consignes de sécurité et assure le service de restauration. Au-delà, il agit comme un régulateur des humeurs en imposant un sourire rassurant, de nature à désarmer toutes lestensions et à calmer l’ardeur de quelques tempéraments sanguins. Avec lui, on échange des banalités sur l’agrément des voyages, le temps qu’il fait ou les péripéties à la mode. Mais rien de sérieux. Rien d’étayé. Rien de profond : il n’a pas le temps pour cela, il est pris par sa tâche.

Pour faire voler un avion, le faire décoller et atterrir, c’est une tout autre affaire. Cela nécessite un pilote et un copilote, tous deux rompus à la pratique et fort deplusieurs années d’études, une parfaite coordination entre eux et une formation hautement qualifiée. Il faut aussi une équipe de techniciens et des avitailleurs précis dans leurs gestes et à l’attention extrême. Et, enfin, des aiguilleurs du ciel sans qui rien ne serait possible.

La guerre aux portes de l’Europe, le redressement budgétaire de la France, la bataille de l’école – pour ne citer que trois des orages majeurs se présentant dans notre ciel commun – sont porteurs de sérieuses turbulences. Celles-ci exigeront une grande maîtrise technique et, plus encore, une capacité de navigabilité pour s’y frayer un passage en toute sécurité. Il faut donc un pilote gardant son sang-froid, aux capacités éprouvées, qui connaisse le ciel et ses pièges. Pour valider leur brevet, le pilote et le copilote doivent effectuer des centaines d’heures de vol chaque année. Ce qui signifie qu’en plus de leurs connaissances, l’expérience est une dimension essentielle de leur métier.

L’erreur ontologique de 2017 était d’avoir choisi un pilote dont le plan de vol s’intitulait « En marche ». Curieux voyage que celui pour lequel on ne précise pas le cap… Le « en même temps » ne constitue en effet pas une boussole. Sans destination, difficile d’avoir une vision claire des choses. Le mouvement est indispensable, certes, mais il ne saurait primer sur l’objectif. Même si ses qualités intellectuelles sont indéniables, c’est d’abord l’expérience qui inculqueau pilote les réflexes pour déclencher les plans d’urgence et rassurer l’équipage sur le fait que l’avion ne décroche pas, ne dévie nullement de sa trajectoire et finit par atterrir à bon port, à l’heure prévue. Seulement voilà : l’avion France est bel et bien dans la tourmente de l’expectative…

En 24 heures, les marchés, qui garantissent à la France le financement de son économie, tanguent. Le Front populaire a repris de la vigueur en faisant le jeu implicite de la révolution et, surtout, l’extrême droite accroît son spectre… ce ne sont plus des nuages qui s’amoncellent, mais la certitude d’orages violents à traverser. Dans ces conditions, est-on bien certain de vouloir confier le pilotage de l’avion à un steward ? PNC aux portes, armement des toboggans, vérification de la porte opposée : décollage imminent !

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