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Économie

Guillaume Caline : « Les Français ressentent une situation de crise permanente »

Quel regard les Français portent-ils sur l’assurance et comment le besoin de protection s’exprime-t-il face aux risque dans un monde où les crises se succèdent ? Le point de vue de Guillaume Caline, Directeur Enjeux publics et opinion de Verian.

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Les Français se sentent-ils plus en insécurité aujourd’hui qu’hier ?

Guillaume Caline Dans le contexte de crise polymorphe que nous connaissons aujourd’hui, qu’elle soit géopolitique, sanitaire, climatique ou économique, la perception des risques collectifs et individuels s’est intensifiée. Les Français ressentent une situation de crise permanente dans un monde de plus en plus menaçant, d’où un besoin accru de protection. Ce besoin revêt des formes diverses, car les risques sont évidemment très variés. À cela s’ajoute une actualité particulièrement dense, qui ne fait qu’accentuer cette demande de protection. Cette situation est devenue la norme dans nos sociétés : chaque jour, de nouvelles sources de danger émergent. Bien que la transition environnementale et le changement climatique soient dans les esprits, ils sont souvent envisagés comme un processus – et donc un risque – à long terme, moins immédiat.

Les périodes de transition sont-elles propices à l’émergence des risques ?

G.C Ces phases d’incertitude génèrent indéniablement un besoin d’assurance face à l’inconnu. Dans ce contexte, les Français éprouvent un besoin d’information, soit pour se rassurer, soit, autant que possible, pour anticiper les situations difficiles qui pourraient survenir.

Qu’est-ce qui angoisse le plus les citoyens français ?

G.C Depuis longtemps, la précarité économique et le risque de décrochage social préoccupent nos concitoyens. À mesure que le chômage a reculé, les craintes liées au pouvoir d’achat ont fortement augmenté. Aujourd’hui, dans une société vieillissante, la perception du risque évolue. Une population plus âgée est particulièrement sensible aux incertitudes. Avec l’avancée en âge, la question de la dépendance devient centrale, et de plus en plus de Français y sont confrontés, que ce soit pour eux-mêmes ou pour leurs proches. En ce qui concerne l’environnement, une forme d’éco-anxiété émerge au sein d’une partie de la population, mais pas nécessairement chez les jeunes. Cela se traduit moins par un besoin de protection que par l’attente d’actions concrètes de la part des acteurs publics et privés.

Pour les Français, qui doit prendre en charge les risques ?

G.C Les Français ont le sentiment d’être plutôt bien protégés au quotidien (déplacements, biens, accidents). En revanche, sur le long terme, de réelles attentes subsistent. Lors des catastrophes naturelles, des questions très fortes se font entendre vis-à-vis de l’État. Un autre thème préoccupant est la santé. De véritables craintes sont attisées par le fait que les Français les plus privilégiés bénéficient de couvertures complémentaires, accentuant ainsi le sentiment de vivre dans une société à deux vitesses. Ce sentiment est d’autant plus renforcé par les inégalités territoriales en matière d’accès aux services publics.

Quel modèle assurantiel plébiscitent-ils ?

G.C Il existe un attachement au modèle mutualiste pour sa dimension solidaire et coopérative, notamment dans un domaine comme la santé. En revanche, dans d’autres secteurs, le modèle assurantiel est beaucoup plus ouvert.

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