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Raise Summit: au cœur de l’IA et de la souveraineté

À l’heure où l’intelligence artificielle (IA) connaît une croissance exponentielle, la souveraineté des données, la gouvernance, la sécurité et l’accès aux infrastructures cloud s’imposent comme des enjeux cruciaux. C’est précisément autour de ces thématiques que le RAISE Summit a rassemblé les principaux acteurs du secteur.

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Gouverner les données, sécuriser les infrastructures et préserver l’indépendance numérique constituent désormais des priorités absolues pour les entreprises, comme pour les États. Dans un contexte mondial marqué par une accélération technologique sans précédent, ces débats prennent une dimension stratégique majeure. Le succès des projets d’IA repose avant tout sur une gouvernance rigoureuse des données, thème central de la deuxième édition du RAISE Summit, évènement international dédié à l’intelligence artificielle, organisé au Carrousel du Louvre les 8 et 9 juillet 2025, et réunissant près de 6800 leaders mondiaux.

Thomas Gourand, directeur national de Snowflake France, plateforme cloud facilitant le stockage, l’analyse et le partage des données, explique : « Nous offrons aux entreprises un contrôle renforcé sur leurs données, leur permettant de choisir leur localisation, de gérer les accès, et d’appliquer des règles strictes de sécurité. » Il souligne également le rôle central de cette gouvernance : « L’IA ne peut fonctionner que si la plateforme de données est maîtrisée et centralisée. De nombreux projets échouent faute d’une gouvernance solide : c’est précisément ce que nous proposons chez Snowflake. »

De son côté, Chris Stephens, vice-président de Groq, entreprise technologique américaine spécialisée dans la conception de processeurs ultra-performants pour accélérer les calculs d’intelligence artificielle (IA), insiste sur la maîtrise conjointe du matériel et du logiciel pour garantir des performances optimales et la sécurité lors de l’inférence IA : « Nous avons développé notre propre pile logicielle ainsi qu’un cloud intégré, Groq Cloud, qui permet un contrôle total des performances et la sécurité de l’inférence. »

Infrastructures cloud : vers plus de performance

L’accessibilité financière et la performance des infrastructures cloud figurent au cœur des débats. Kevin Cochrane, directeur marketing de Vultr, plateforme de cloud computing qui propose des serveurs virtuels puissants et simples à déployer, affirme : « Nous offrons des serveurs entre 50 % et 90 % moins chers que ceux des géants du cloud, tout en garantissant des performances équivalentes. »

Craig Tavares, président et directeur général des opérations de Buzz High Performance Computing, spécialiste du calcul haute performance (HPC), souligne quant à lui l’enjeu environnemental : « Nous proposons des GPU verts — processeurs graphiques puissants utilisés pour accélérer les calculs intensifs nécessaires à l’intelligence artificielle — alimentés par des énergies renouvelables telles que l’hydroélectricité », dans nos centres de données suédois où efficacité énergétique et scalabilité sont optimales.

Avec 1,8 million d’utilisateurs sur son cloud, Groq facilite l’accès à l’inférence IA et étend ses data centers souverains en Europe, au Canada et au Moyen-Orient. Chris Stephens précise :« La mission de Groq est de démocratiser l’inférence de l’IA à l’échelle mondiale. La rapidité est cruciale, tant pour l’exécution des charges de travail que pour l’innovation et le service client. »

Vers une souveraineté renforcée

La dépendance aux infrastructures américaines demeure un enjeu critique. Amazon, Microsoft et Google contrôlent entre 70 % et 80 % du marché mondial du cloud public, une concentration qui soulève de sérieuses inquiétudes en matière de souveraineté. Cette problématique est renforcée par le CLOUD Act, une loi américaine adoptée en 2018 qui autorise les autorités à accéder aux données stockées par des entreprises américaines, même lorsqu’elles sont hébergées en Europe.

Face à cette situation, certains acteurs adoptent des positions distinctives. Oracle, entreprise américaine spécialisée dans les bases de données, les logiciels d’entreprise, le cloud et l’IA, se distingue par son approche particulière : « Ce qui nous rend aussi uniques, c’est la complétude de notre portfolio applicatif et technologique, et la variété des solutions et des options de déploiement que nous proposons (cloud public, privé, dédié, isolé…) », souligne Cyril Grira, Vice-Président Tech, Cloud et IA d’Oracle France.

Autre spécificité, une arrivée tardive dans le cloud qui s’est transformée en avantage : « arriver après les trois autres hyperscalers que sont Google, Microsoft et Amazon nous a permis de proposer une technologie plus avancée, très innovante, avec la sécurité au cœur, et aussi une capacité de miniaturisation qui nous permet de déployer très vite notre cloud dans de nombreuses régions du monde », ajoute-t-il.  L’entreprise, bien qu’américaine, a même été la première à lancer dès 2023 un cloud souverain européen totalement déconnecté du reste de ses infrastructures. « On a cette fois été en avance ; et aujourd’hui, on prévoit plus de 250 data centers dans le monde d’ici fin 2025 », précise Cyril Grira.

Sur ce même front, Amazon Web Services, la branche cloud computing d’Amazon, a annoncé le lancement d’un cloud européen souverain, le 2 juillet, en partenariat avec Snowflake. Investie sur le sujet de la souveraineté des donnée, cette dernière propose également une offre multicloud : « Si l’entreprise ne souhaite pas être dépendante d’un seul fournisseur de cloud, elle va pouvoir basculer sur un autre si besoin », explique Thomas Gourand, assurant ainsi aux entreprises une plus grande indépendance.

L’Europe face à ses défis : entre innovation et régulation

Dans une dynamique similaire, Vultr revendique sa capacité à offrir « un cloud souverain à la demande, dans chacune de ses régions », valorise son directeur marketing. De son côté, Buzz HPC met en avant une autre garantie : « Nos centres en Suède permettent aux clients européens d’héberger leurs données localement, avec des normes souveraines et qvec l’assurance de la résidence des données », appuie Craig Tavares. Enfin, Chris Stephens, chez Groq, rassure sur la gestion des données : « Nous ne stockons aucune donnée et nous nous conformons aux principaux standards internationaux tels que SOC2, HIPAA et RGPD, limitant ainsi les risques liés à la souveraineté. »

Euro Beinat, responsable mondial de l’IA et de la science des données de Prosus, géant de l’investissement technologique mondial, présent dans plus de 90 pays, dresse un constat clair : « L’Europe est lente, il y a trop de réglementations. Pendant que certains courent, nous avançons à peine, comme si nous marchions dans 80 centimètres d’eau. » Il souligne aussi un déséquilibre majeur : « Les talents européens sont brillants, parfois même meilleurs qu’en Chine ou aux États-Unis, mais le capital-risque reste insuffisant, et les entreprises doivent souvent se financer ailleurs. » Et lance un appel au sursaut : « L’Europe doit élargir ses horizons, oser davantage l’expérimentation. Les gouvernements doivent soutenir les startups, faciliter les démarches administratives, notamment l’obtention des visas pour les meilleurs talents. » En réunissant les acteurs clés autour de ces sujets stratégiques, le RAISE Summit incarne une dynamique prometteuse, où innovation et souveraineté se conjuguent pour dessiner l’avenir numérique du continent.

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