A l’occasion de la publication de son hors-série, une émission a eu lieu sur ce sujet. Décryptage de la première table-ronde, consacrée aux grands enjeux.
Natacha Pouget, Gilbert Azoulay, Guillaume Caline et Yannick Servant dans le studio de L'Hémicycle. Photo : Cédric Helsy
Comment concilier profit économique et changement de modèle industriel, économique et social pour s’adapter à un cadre légal en pleine mutation, ainsi qu’aux attentes des jeunes générations, de plus en plus sensibles à la problématique des transitions ?
La responsabilité sociale des entreprises et les grandes transitions étaient au cœur de la dernière Rencontre de L’Hémicycle, le 21 juin, à l’occasion de la publication d’un hors-série de notre revue sur le sujet. Les entreprises sont en effet de plus en plus attendues sur la RSE, notamment par les jeunes talents, parce qu’elles sont les principales actrices de la transformation. Mais entre volonté sincère de participer à un monde qui change, greenwashing et intérêts économiques, la question de leurs véritables motivations se pose, selon les Français interrogés par Kantar Public France pour l’émission de L’Hémicycle (1).
Si 84% des Français estiment que les entreprises ont un rôle à jouer dans la transition environnementale, 30% d’entre eux pensent qu’elles ne sont pas sincères dans leurs engagements, a révélé Guillaume Caline, directeur des enjeux publics et de l’opinion de Kantar Public. Selon cette étude, il existe, chez les Français, un sentiment de manque de transparence : « C’est aussi une question de timing, les Français ont l’impression que du côté des entreprises la mise en place d’actions est récente et opportuniste ».
Il faut donc faire plus vite et mieux pour atteindre les objectifs environnementaux et sociaux de demain. Autre invité de cette première table ronde, Yannick Servant, cofondateur de la convention « Entreprises climat », insiste sur le rôle que doivent jouer les chefs d’entreprise pour ne pas dépasser les limites planétaires tout en conservant un modèle économique viable : « Même si on a la meilleure équipe RSE du monde, si la personne tout en haut de la pyramide n’a pas envie de bouger, les choses ne bougeront pas ». La RSE est ainsi intimement liée à la volonté du dirigeant de l’entreprise, qu’il convient parfois de former à ces thèmes. Pour lutter contre les changements environnementaux aussi, le rôle des entreprises est majeur, même s’il semble parfois difficile de trancher entre une conscience authentique et un agissement par intérêt.
Même comparée à d’autres secteurs controversés, l’industrie du tabac se distingue par la méfiance qu’elle suscite. Les cigarettiers affirment pourtant se transformer, eux aussi. Natasha Pouget, responsable RSE chez Philip Morris international a témoigné de la volonté de son groupe de transformer complètement son business model. Aujourd’hui, Philip Morris réalise 35% de son chiffre d’affaires hors de la cigarette, avec, pour horizon, un modèle sans cigarette à hauteur de 50% d’ici 2025. Elle défend l’idée de faire de la prévention pour les non-fumeurs et de développer, pour les fumeurs, l’accès à des produits, sans combustion, présentés par l’industriel comme moins nocifs.
S’agissant de la problématique du travail des enfants dans les pays fournisseurs de tabac, au Mozambique, en Argentine, au Brésil ou encore au Pakistan, « où il y a une tradition familiale de recours aux enfants en main d’œuvre d’appoint », Natasha Pouget affirme que « 3 500 enquêteurs de terrain visitent quotidiennement les 235 000 exploitations. Ils inspectent, et dès lors qu’il y a constatation d’un problème, il y a un rapport et une coopération avec les ONG » pour trouver des solutions.
(1) Étude en ligne, les 28 et 29 mai 2023, 1000 répondants. Échantillon national représentatif de l’ensemble de la population française âgées de 18 ans et plus. Méthode des quotas : sexe, âge, profession et région.
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