Pour l’ancien secrétaire général adjoint des Nations Unies, l’inflation normative est réelle voire massive. Et met l’ensemble du tissu industriel français à la peine.
Illustration : D.A
Les normes, mal pensées ou trop nombreuses ?
Jean-Paul Laborde : Les deux problèmes ne s’excluent pas l’un l’autre ! Dire que l’industrie fait face à un excès de normes me paraît incontestable. Depuis la Révolution, la France produit des règles et des lois quand, de leur côté, les Britanniques en ont horreur. C’est une part de notre culture, que d’inventer une loi par problème. Mais les choses ne vont pas en s’arrangeant. Pour un juriste comme moi [Jean-Paul Laborde a notamment été conseiller honoraire à la Cour de Cassation, ndlr], c’est difficile ; pour une PMI ou une ETI, c’est épouvantable. L’Union européenne est souvent pointée du doigt pour expliquer cette prolifération.
Est-ce de « sa faute » ?
J-P.L : Des normes, il en faut. Elles sont indispensables pour garantir la sécurité de nos produits, la santé des citoyens et tant d’autres choses encore. L’Europe en produit, y compris de bonnes. Le problème est plutôt que nous aimons encore en ajouter au niveau national. Or, fixer à nos industriels des standards plus élevés que ceux de nos voisins n’est pas tenable.
Une bonne norme, c’est quoi ?
J-P.L : La bonne norme est simple, claire ; elle n’a pas de multiples ramifications. De plus, elle ne change pas tout le temps, dans un monde économique où les acteurs ont avant tout besoin de visibilité pour produire. Si l’on parle de réindustrialiser la France, il faut aussi adapter et différencier les normes selon notre stratégie. Puisque nous ne pouvons être partout à la fois, il faut au moins que nos secteurs clés bénéficient de procédures accélérées sur tous les aspects. Le maître-mot devrait être « épurer ».