À l’heure où le président Emmanuel Macron entame une visite d’État à Jakarta, les relations entre la France et l’Indonésie entrent dans une phase de consolidation sans précédent.

Enjeu économique, priorité géopolitique, opportunité diplomatique : les leviers sont nombreux, et le moment est décisif. L’Indonésie, géant démographique, membre du G20 et puissance montante du Sud-Est asiatique, se dote aujourd’hui d’un leadership renouvelé et d’outils puissants pour structurer son développement à long terme. La France, de son côté, cherche à réaffirmer sa présence dans l’Indo-Pacifique. Le dialogue entre Paris et Jakarta ne peut que s’intensifier.
Dans ce contexte, nous avons souhaité mettre en lumière trois regards essentiels qui incarnent cette nouvelle dynamique.
D’abord un homme : Prabowo Subianto, élu président avec plus de 96 millions de voix – un record démocratique mondial – et porteur d’une vision profondément ancrée dans l’intérêt général. Derrière une grande expérience au service de son pays, c’est un humaniste lettré, passionné par la France, où il s’est rendu régulièrement, et admirateur revendiqué du général de Gaulle. Sa trajectoire personnelle et politique, son programme axé sur l’éducation, la nutrition infantile et la souveraineté économique, dessinent le profil d’un dirigeant singulier en Asie.
Ensuite, un outil stratégique : Danantara Indonesia, le tout nouveau fonds souverain indonésien, qui vise à restructurer l’économie publique du pays et à déployer plus de 900 milliards de dollars d’actifs à terme. Ce fonds, dirigé par Rosan Roeslani, est en passe de devenir un acteur clé de la coopération économique bilatérale. Il pourrait notamment catalyser des projets conjoints dans les métaux critiques, les énergies nouvelles, ou les industries stratégiques. Pour la France, Danantara Indonesia représente une opportunité d’alignement structurel avec une puissance émergente.
Enfin, une voix : celle d’Anggun, artiste franco-indonésienne mondialement reconnue, qui incarne la profondeur du lien culturel entre les deux pays. Dans un entretien exclusif, elle nous rappelle que la culture n’est pas un ornement mais un levier stratégique. Elle plaide pour que les échanges artistiques, éducatifs et symboliques occupent une place égale à celle des partenariats économiques ou sécuritaires. À ses yeux, la culture est un « hard power », au même titre que l’industrie ou la diplomatie. À Jakarta comme à Paris, ce message mérite d’être entendu.
À travers ces trois regards croisés – politique, économique, culturel –, L’Hémicycle propose une lecture de cette séquence internationale majeure. Un voyage d’État ne vaut que par ce qu’il permet de construire dans la durée. À Jakarta, les fondations d’un partenariat stratégique sont en train de s’ancrer solidement.